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Commentaire de Renaud Bouchard

sur Coup d'Etat militaire, Maskirova, Enfumage ou prélude à une guerre civile ? Wagner, Prigojine, Poutine, la chimère a échappé à son maître


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Renaud Bouchard Renaud Bouchard 27 juin 2023 09:58

Aux Lecteurs

que je remercie autant pour leurs visites que pour leurs analyses et commentaires.

Voici, écrit par un connaisseur qui signe sous pseudonyme (B.G.Karpov), un point de vue qui résume le coup de théâtre (bien réel) qui a agité Moscou, suscité une réaction autant stratégique que politique plutôt fine, et qui conclut à l’inéluctable sortie de scène et liquidation déjà programmée de M. Prigojine (Prigozhin) :

« Prigozhin (et les emmerdeurs qui me disent qu’il faut écrire Prigojin peuvent aller se faire voir !) n’a passé aucun “accord préalable” avec qui que ce soit avant de lancer son opération. Ni avec le gouvernement Russe, ni avec la CIA, ni avec les extra-terrestres, ni avec le diable ! Je ne suis pas dans sa tête mais je connais l’oiseau pour avoir entendu ses diatribes depuis 10 ans qu’il est sorti du bois ! Une grande gueule et petite cervelle. Un concours de circonstance l’a mené à la tête de Wagner, du moins pour le public. Le vrai patron opérationnel c’est pas lui, mais ce n’est pas le sujet. Un mégalomane passé d’une petite société de restauration collective à la tête de la plus forte armée privée au monde avec une couverture médiatique faisant de lui un véritable héros. Ça peut faire disjoncter n’importe qui ! Depuis plusieurs mois déjà on se doutait que les choses pouvaient mal tourner avec lui en écoutant ses propos orduriers, ses insultes et ses menaces envers les plus hauts responsables militaires. Il y a quelques semaines, après qu’il eut hurlé qu’il manquait de munitions, il a posé fièrement dans un entrepôt bourré jusqu’au plafond de missiles et armes en tous genre. Cela aurait quand-même dû alerter les services Russes ! Prigozhin a donc pété les plombs. Sa haine de Shoigu et Gerasimov qu’il accuse d’être responsables de nombreux morts Russes par leur incompétence lui a fait imaginer qu’il allait les éliminer et devenir le héros de la Russie. J’ai lu des commentaires l’accusant d’être à la solde des Américains, c’est une stupidité complète : Prigozhin est un patriote russe. Mais un Patriote russe qui a pété les plombs. Le plan de Prigozhin était simple (certains de Wagner ont parlé…) : prendre possession du ministère de la Défense à Moscou. Ensuite il imaginait que Poutine le nommerait ministre de la Défense. Une petite cervelle qui imaginait aussi que certaines factions à Moscou prendraient son parti. Il a eu tout faux : même si les raisons de son action sont partagées par pas mal de personnes, le sens de l’État a eu le dessus : On ne se rebelle pas contre le gouvernement, qui plus est quand le pays est en guerre ! Cette position a été immédiate même pour ceux qui depuis le début de l’opération en Ukraine, critiquent le gouvernement pour ce qu’ils appellent son indécision et sa mollesse. Tous sans exception ont condamné la rébellion de Wagner, tout comme d’ailleurs dans l’opinion publique : alors que la grande majorité des Russes souhaitent que nous frappions beaucoup plus fort le régime ukrainien, quasiment personne n’a soutenu Prigozhin ! Lors de son allocution télévisée Vladimir Poutine ne jouait pas la comédie, tout dans son attitude le montrait. Il avait 2 solutions : liquider immédiatement Prigozhin et neutraliser les colonnes (dirigées par Dmitry Utkin, un ancien officier du GRU, le Renseignement militaire). C’était tout à fait possible. Mais Poutine ne l’a pas fait pour 2 raisons : d’abord le pays est en guerre, c’est LA priorité. Et les Wagneristes sont des Russes qui ont rendu d’immenses services à la Russie, déclencher des combats avec eux c’était déclencher une guerre civile. Avec pour résultat la quasi-certitude que l’OTAN en profite. Poutine a donc décidé de négocier. Sous la supervision de Nikolaï Patrushev, 2 personnes ont été sollicitées, le président Lukashenko et Alexey Dyumin, actuel gouverneur de la région de Tula, très proche de Vladimir Poutine dont il a été le garde du corps. Au début Prigozhin refuse, Wagner “prend” Rostov et continue en direction de Moscou. Poutine a donné les ordres de laisser passer, sûr qu’il est d’arriver à un résultat négocié… et préparant toutefois quelque chose dans le cas contraire. Les arguments étaient simples : la carotte et le bâton. D’une part faire appel au sens patriotique, bien réel, de Prigozhin pour éviter des combats fratricides, d’autre part la garantie qu’il n’avait aucune chance de succès, tout était prêt s’il ne reculait pas. Il n’y a vraisemblablement pas eu de quelconque “accord” ni même de discussion concernant la destitution de responsables russes. C’est même ridicule d’imaginer que Poutine allait céder sous la menace d’un renégat ! Dans ce domaine les décisions se prendront “à froid” et non sous la menace.

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