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Commentaire de Renaud Bouchard

sur En attendant le Juge Dredd. Constat Amer, Nahel, ou le mélange explosif entre voyoucratie, police et dirigeants incapables


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Renaud Bouchard Renaud Bouchard 5 juillet 2023 16:40

Suite 03 et fin

En 2010, dans le livre Opération Banlieue (éditions La Découverte), le chercheur Hacène Belmessous estimait qu’il y avait une préparation, notamment par le ministre de l’Intérieur (2002-2004 et 2005-2007) puis président de la République Nicolas Sarkozy, d’une telle intervention, malgré l’opposition des forces armées. A l’époque de la sortie du livre, l’AFP confirmait l’existence d’une instruction ministérielle assez semblable à celle que nous évoquions plus haut, visant à encadrer le déploiement de l’armée dans le cas d’une crise majeure. Dans le magazine Armées d’aujourd’hui (page 50), qui évoquait en premier lieu cette instruction, un responsable militaire en donnait les exemples suivants : « Pandémie, attaque terroriste, catastrophe, crise d’ordre public. »

Hacène Belmessous rapportait aussi ces lignes d’un responsable militaire (aujourd’hui colonel au centre de conduite des opérations de l’état-major) écrites en 2006 : « La mission principale dans les banlieues est du ressort des forces de police, mais les armées ont des moyens utiles pour régler cette crise. Moyens spécifiques qu’il serait peu rentable de développer uniquement pour le maintien de l’ordre, mais qui peuvent aisément être mis à disposition des forces de l’ordre. L’objectif n’est pas de s’immiscer dans les missions de police, mais de fournir des moyens purement militaires pour améliorer l’efficacité de ses interventions et lui dégager des marges de manœuvre. Si les troubles dans les banlieues venaient à se répéter, les armées doivent planifier une intervention possible. »

« Les forces de sécurité intérieures font tout pour repousser la limite et couvrir le haut du spectre [des violences urbaines] », analyse la source spécialisée dans le maintien de l’ordre évoquée plus haut. Sans s’y montrer favorable, au contraire, elle pronostique  : « La bascule vers une intervention militaire se fera si la police et la gendarmerie n’ont plus les moyens, la capacité d’intervenir. »

Bref, si aucun élément solide ne vient confirmer l’existence d’une l’opération Ronces, cela fait (au moins) quinze ans que le sujet de l’intervention de l’armée dans les banlieues est ressassé. Légalement et théoriquement possible, évoquée publiquement avec parcimonie par certains membres de l’appareil de sécurité, une telle intervention est toutefois très loin d’avoir l’appui de la classe politique dirigeante. « Ce serait courir le risque de l’embrasement », objectait Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, il y a un an. Or, d’après les textes, seule l’autorité civile peut demander une telle intervention."

Courir le risque de l’embrasement ?

Et que voyons-nous en ce moment ? Des enfants qui jouent avec des allumettes et poussent des éclats de rire ?


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