@Francis, agnotologue
"Qui
peut interdire tel ou tel sentiment, sinon celui qui porte le flingue ?
Or, qui sinon lui peut décider ce qu’il veut interdire et ce qu’il veut
ignorer ?
En
l’occurrence, ce ne sera pas la haine des puissants envers leurs
victimes qui sera dénoncée et stigmatisée dans les médias de grands
chemins, mais la haine des victimes envers leurs bourreaux.
"
j’avais plussé hâtivement votre réponse mais j’ai pensé devoir la relire
et c’était bien vu car, franchement, avec la citation ci-dessus vous
avez tout bon, cad que vous avez dit de manière très juste ce qui est le
plus essentiel et qui recoupe la vieille formule anglaise "la force est
le droit" (might is right). J’ai essayé de dire la même chose plus
haut, en réponse à Tozlan (le deux poids, deux mesures) ainsi qu’à Jean Keim
qui vous questionnait sur « haine ou mépris » et où je disais que c’est
la norme engendrée par le pouvoir (l’état profond) qui « contrôle »
l’interprétation de la loi que font les juges dans chaque affaire.
Songez qu’un politicien s’est vu condamné pour avoir déclaré :
"Vous
avez quelques soucis, paraît-il, avec quelques centaines de Roms qui
ont dans la ville une présence urticante et, disons, odorante"
J’ai découvert ça dans un article de recherche qui
ne donnait pas le nom du politicien en question. J’étais outré en
constatant que ledit politicien évoquait seulement des éléments situationnels qui ne concernent nullement d’éventuelles dispositions ou caractéristiques ethniques
sans lesquelles il n’y a pas moyen d’évoquer une forme de
discrimination ou d’incitation à la haine en raison de l’appartenance etc.
En effet, il n’était que question que de... :
- La présence d’une centaine de roms (force est de supposer qu’elle était inhabituelle, de sorte qu’on peut présumer qu’il était pertinent de l’évoquer).
- La nature « urticante » de cette présence. Formule qui, au figuré, signifie simplement « Irritant, exaspérant ; excitant. »
cad, que cette présence contrarie de quelque manière les habitudes des
résidents et amène donc chez ces derniers une montée des affects
négatifs, et jusqu’à preuve du contraire, il n’y a rien là d’illégal.
- Cette présence s’accompagnerait d’odeurs, soit, mais VU LES CIRCONSTANCES, cad, VU LA SITUATION QUI
EST LA LEUR HABITUELLEMENT, chacun peut comprendre qu’ils puissent
avoir des difficultés à assurer un bon niveau d’hygiène. So what ?
Rien ici n’a été dit de la nature des Roms en tant que Roms qui
puisse motiver une forme de rejet permanent de ce groupe humain. Qu’on
ait un mouvement de recul parce que l’autre a des « odeurs corporelles »
et une conduite non conventionnelle qui inquiète ou irrite, c’est une
chose bien naturelle, tout à fait anodine, dont on voit mal comment elle
a pu tomber sous le coup de la loi.
Mais, malheureusement, quand on apprend le nom dudit politicien,
Jean-Marie Le Pen, on dispose alors des éléments contexuels qui
permettent de comprendre comment une interprétation aussi extrême de la
loi a pu être faite.