@JPCiron
Le mot
récent écologie complète un impensé du mot économique : il n’y a qu’une
planète, on est nombreux dessus, il va falloir penser à la préservation des
écosystèmes, générateurs des êtes vivants. C’était aussi la question des
capitaines d’industries à Dennis Meadows en 1972 si la croissance était
indéfinie, sa réponse : non. C’est un
impératif paradigmatique récent.
La rotondité de la terre est connue au moins
depuis l’antiquité. Les humains ont
aussi pas mal circulé bien avant : le déversement de populations en Europe
depuis l’Afrique, le détroit de Béring franchi à pied sec par les Asiatiques
pour aller s’installer dans les Amérique, toutes les terres du Pacific occupées
jusqu’à Madagascar par les Austronésiens depuis Taïwan. Mais la pensée était
faite du connu (notre territoire de vie) et de l’étrange : les fameuses
terres inconnues. L’idée d’une planète unique, c’était formel, un simple
imaginaire, un rapport spirituel : à défaut de contrôler, on respecte la nature, alors elle nous pourvoie.
Oikonomikós est le titre de l’ouvrage de
Xénophon, traduit par Etienne de la Boétie. C’est un traité de gestion d’un
domaine agricole, sans doute 15000 ha : le sien. L’ouvrage comprend la
gestion parcimonieuse du patrimoine, l’ordre de fonctionnement nécessaire à
obtenir avec son épouse, les serviteurs, les outils, les chevaux, savoir bien
se faire obéir par l’exemple, des instructions pertinentes et adaptées, les
techniques agronomiques. C’est une activité supérieure à l’artisanat.
La
référence, explicite comme implicite dans l’œuvre de Xénophon est Les travaux
et les jours d’Hésiode, l’un des premiers présocratiques du monde Grec. On connaît les cinq races, ou âges de l’humanité,
aussi l’âge d’or. L’âge d’argent est déjà dégradé, à cause de l’hubris que les
humains doivent réparer par le travail. En fait, c’est l’harmonie entre la
nature, les dieux et les vertus personnelles qui permettent de réduire le
travail : l’idée de Xénophon étant qu’une bonne économie est inscrite dans
un bon ordre cosmique.
On sait la
séparation matière/esprit, le dualisme antagoniste apporté par les penseurs
scolastiques du Moyen Age : réduction de l’économie au matériel, à l’inerte, à l’utilitarisme.
Deux écoles
de pensées sont devenues apparentes depuis la Renaissance : les
physiocrates et les mercantilistes.
Physiocrates :
la vraie richesse est l’agriculture, par extension la production dégagée,
fabriquée. Le foncier, le patrimoine, la propriété sont les valeurs essentielles.
Le propriétaire est maître chez lui, patrimoine= patrie. Le despotisme éclairé
est d’essence physiocrate.
Mercantiliste :
la valeur se trouve dans le bien d’échange, c’est le commerce qui procure les
bienfaits nécessaires à l’existence.
On voit bien
ici la préfiguration géopolitique des thalassocraties contre les télurocraties.
Autre
opposition intéressante : Adam Smith versus Thomas Maltus.
Adam Smith : l’augmentation
de la population signifie augmentation des échanges et des richesses pour tous
et chacun.
Thomas Maltus : augmentation de la population signifie
décrochage avec l’augmentation des ressources possibles à extraire et
paupérisation.
Un bon
chemin, me semble-t-il pour remettre l’économie (la vraie) et les pensées avec
dans le bon ordre : revenir à l’agriculture, aux nourritures terrestres.
Agriculture
extensive = augmenter un rendement à l’ha (ex : passer de 50 à 80 tonnes de
blé à l’ha). Valorisation : intrants chimiques et transgénèse.
Agroécologie
(ou autre terme équivalent) = augmenter une productivité à l’ha (augmenter le
nombre de fruits, légumes, oléagineux, céréales à ha). Valorisation : la
puissance fertile de l’écosystème déjà vivant et l’évolution des variétés aux réalités
géoclimatiques par croisements naturels.