Prigojine, fin de partie
24 août par Karine Bechet-Golovko
(...) Bref, le coup d’Etat a pris fin hier et peu importe comment
techniquement cela s’est produit. Cela est désormais un fait. Ce qui est
plus inquiétant est l’état moral ou plutôt amoral d’une partie des
élites politico-médiatiques.
Après avoir tiré sur des militaires russes, après avoir lancé
une colonne de chars contre Moscou, Prigojine est toujours présenté par
certains comme un héros. Ainsi, la trahison n’est rien de nos
jours, car il n’y a rien - pour ces gens - à trahir. Il ne s’agit que
d’un conflit personnel entre deux boyards locaux, Prigojine (« homme
d’affaires ») et Choïgu (ministre de la Défense), qui chacun apportant
leurs hommes sous leur bannière à leur Suzerin, Poutine, qui doit gérer
ces hordes féodales. Il n’y a pas, dans cette logique d’État en Russie,
il n’y a donc rien à trahir. Et l’on peut lire un député, et pas
uniquement les « héros de Telegram », continuer à considérer Prigojine
comme un patriote et un héros de la Russie.
Dans le cas contraire, je laisse ces personnes expliquer aux
familles des militaires russes, tués par les hommes de Prigojine, que
c’est bien fait pour eux, que ce sont eux les traîtres, d’avoir osé
vouloir arrêter le héros national dans sa Marche glorieuse. Vous y allez ? Il n’y a pas d’autre alternative.
La déconstruction des esprits a parfaitement été réalisée. Les gens
sont incapables d’avoir une vision systémique et stratégique, ils
réagissent (émotionnellement) au lieu de réfléchir (rationnellement).
Ils ont ce que les Russes appellent de bouillie (cacha) dans la
tête.(...)
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