@Francis, agnotologue
Vous percevez mon insistance comme pesante mais vous m’accorderez qu’elle s’est surtout avérée pertinente et utile.
Parce que là, enfin, vous réagissez à mon assertion n° 4.
Et vous montrez que vous ne l’avez pas comprise même si je veux bien reconnaître que le sujet étant délicat j’aurais certainement dû développer davantage.
Je vous donne un exemple : la théorie girardienne explique l’invention du sacrifice et, partant, l’invention de l’Homme en tant qu’animal religieux parce que sacrificiel.
Sa théorie est soucieuse de respecter les principes de la science darwinienne et peut-être vue comme scientifique quand bien même elle parle de divinités.
Car la seule réalité à laquelle la théorie nous confronte pour le moment est celle de représentations sacrées dans des sociétés primitives de sorte qu’il ne s’agit pas de divinités qu’on serait supposé tenir pour réelles, en lesquelles on serait supposé avoir foi en l’existence.
Bref, aucun n’acte de foi n’est ici nécessaire. Et je dirais même qu’à première vue, la théorie girardienne peut apparaître comme une excellent explication du caractère incontournablement car fondamentalement religieux des cultures humaines en général.
Un matérialiste athée peut en faire son beurre et j’en connais qui le font.
Toutefois, dans son troisième ouvrage « Des choses cachées depuis la fondation du monde », Girard propose une interprétation des Evangiles qui, à un moment donné, affirme que Jésus a pu parler comme il a parlé parce qu’il n’était pas seulement homme mais Dieu, avec une connaissance de ces « choses cachées » qu’aucun homme ne peut avoir en raison de la méconnaissance qui accompagne le processus sacrificiel.
Quand Girard a présenté cette façon de voir, pour ma part, je le reconnais, j’ai tiqué, je n’ai pas adhéré, je n’ai pas voulu m’écarter d’une pensée purement scientifique.
Je n’ai pas consenti à l’acte de foi proposé car je n’en voyais pas la nécessité.
Et cela alors même que je n’ai jamais cessé d’être croyant par ailleurs. Mais je distinguais très bien les deux domaines : d’une part, celui où on traite de l’invention immanente du divin et donc du quadriparti des culture humaines (Ciel, Terre, dieux, hommes) et celui où, d’autre part, on traite de l’intervention d’un divin transcendantal dans les affaires humaines.
Je ne voyais pas de nécessité de venir à ce second domaine. Je ne voulais pas accomplir cet acte de foi. Mais étant un girardien convaincu, passionné par sa théorie de l’invention du divin, j’étais constamment à réfléchir sur la question du divin, sur la question de Dieu.
Donc, pour conclure, ce n’est pas parce qu’on parle de Dieu qu’on est sorti de la rationalité matérialiste ou même de la rationalité tout court (il n’est que de voir la haute tenue de la pensée scholastique pour s’en convaincre).
Comme je l’affirmais, ce qui en fait sortir c’est le fait qu’à un moment donné, pour aller d’un point A à un point B du raisonnement, il y ait nécessité de franchir un pont qui ne serait pas de pure logique (causale) mais qui serait en somme soutenu par la foi en quelque cause dont la réalité n’est pas établie.
C’est toute la question des prémisses ou des axiomes à la base d’un raisonnement. Un fou, un parano peut être dans une parfaite rationalité... sur la base de prémisses fausses qui le mèneront à une conclusion nécessairement fausse.
Bref, je maintiens intégralement mon assertion : "’On sort de la rationalité lorsqu’un acte de foi est nécessaire, pas lorsqu’on parle de Dieu.’’.
Votre conclusion (on sort de la rationalité lorsque l’un des participants fait appel à la foi) est grosso modo correcte mais on serait rassuré si vous vouliez bien admettre explicitement qu’on peut parler de Dieu sans nécessairement faire appel à la foi. C’est ce que font les athées, les libres penseurs, mais aussi les scientifiques dont je suis même si, souvent, je prends plaisir à provoquer les pauvres diables matérialistes qui vomissent la propagande anticléricale et pluriséculaire des franc-macs dont ils ont été abreuvés...
31/08 05:04 - Luc-Laurent Salvador
@quijote Merci pour ce rappel sur le « désir de pouvoir » d’Adler et le « classement 1, (...)
31/08 04:57 - Luc-Laurent Salvador
@Zolko Oui, on peut voir les choses comme ça, mais seulement quand le pouvoir se réduit au (...)
30/08 11:05 - Zolko
Joli article, je viens juste de la lire. Selon moi, le pouvoir est le fait qu’il se (...)
28/08 11:19 - Mélusine ou la Robe de Saphir.
28/08 11:15 - quijote
Des réflexions qui me sont venues à la lecture : — Karen Horney, je connais pas, mais (...)
27/08 18:45 - Francis, agnotologue
@Luc-Laurent Salvador ’’Vous ne faites que citer un passage mal compris dans (...)
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