Luc-Laurent Salvador, Gollum,
Je m’immisce dans votre échange.
Je suis bien d’accord que le mimétisme, faire miroir, est le premier instrument de développement de ses capacités. Rapidement, un bébé comprend qu’il est impotent, impuissant dans son premier univers d’existence, domestique, que seuls ses parents sont capable de conduire. Ce qui est frustrant, déprimant. Une règle première vie qui vient est « fais comme eux, même si tu ne comprends pas, et tu finiras par t’approprier cet univers qui t’échappe ». Un engramme toujours très efficace pour apprendre encore à l’âge adulte, qui n’est pas sans piège puisque les humains ne vivent pas dans le cadre naturel souverain, mais culturel, artificiel, lui-même à reconsidérer au fur et à mesure qu’on l’apprend. L’expérience de Milgram en a montré cette difficulté radicale à tenir les deux postures.
Je n’ai pas lu Girard. Mais dans votre échange, si je comprends que le mimétisme agit sur nos désirs, il me semble que le désir est préalable au mimétisme, pas consubstantiel.
Il y a des acquisitions que l’on fait (objets ou activités compétentes) pour ne pas être déclassé, garder contrôle de ses univers (famille, travail, amis).
Mais il y a aussi des acquisitions que l’on fait hors de ses contextes d’existences, suivant des envies venant de soi, en tout cas d’ailleurs, qui ne suivent aucun mimétisme.
Se faire reconnaître dans ses univers d’existence consiste aussi à se singulariser, par des possessions/activités que les autres n’ont pas.
Le mimétisme est peut-être le premier horizon du désir, mais le désir va bien au-delà, il est fait aussi pour le plaisir s’être soi et son épanouissement.
Ce n’est pas ça ?