Intéressante rétrospective. Je
conseille par ailleurs la BD qui relate l’histoire du Canard, sa
naissance, les années sombres des GM, la fragilité des débuts, BD
qui donne au passage un aperçu de l’ambiance de cette époque
lointaine. Sur le fond, la perfection n’existant pas, il me semble
inévitable que ce journal connaisse des hauts et des bas, des
turbulences, une ligne éditoriale fluctuante, un ou des conflits
internes, etc. Sur leur journaliste-espion, ils n’ont pas esquivé le
débat, et se sont longuement expliqués dans deux numéros je crois,
sur l’affaire et sur le conflit avec leur propre journaliste auteur
de la révélation.
Récemment, sur le conflit ukrainien,
je les ai trouvés assez nuls, presque totalement alignés sur
l’Otan, une sorte de LCI dessins humoristiques en sus – le comble
pour un journal de tradition antimilitariste (Cabu !) et
anti-cléricale. Apparemment, le rôle des USA dans le coup d’Etat du
Maïdan leur est totalement inconnu, de même que les bombardements
des civils du Donbass par Kiev pendant les 7 ans d’avant l’invasion.
Position légèrement contrebalancée par un ou deux anciens. Est-ce
l’influence de nouvelles générations passées par Libé ou des
hebdos, je ne sais pas. Mais il faut accepter qu’un journal, quel
qu’il soit, connaisse les mêmes aléas que la vie de tout un chacun.
La critique de la proximité avec les cercles du pouvoir est
inévitable, puisque c’est ce qui leur permet les échos fiables sur
la petite vie politique française – ils sont parfaitement
conscients de l’ambigüité du processus et de leur possible
instrumentalisation. Les anciens se souviendront qu’à l’arrivée de la gauche au pouvoir (Mitterrand) , d’aucuns prédisaient la mort du Canard par manque d’affaires telles que les diamants de Giscard et autres turpitudes. Heureusement, magouilles et pouvoir n’ont pas de couleur politique...
Je préfère retenir son indépendance
financière (très rare, de mémoire : l’Huma, La Croix, Le
Monde diplo), son maintien des dessins de presse alors qu’aux USA le
mouvement woke a presque fait disparaître cette tradition (ne plus
se moquer de rien, ne rien caricaturer), et – aspect manquant dans
l’article - outre la tradition des titres-calembours, la qualité
d’écriture : un bilan globalement positif, comme on dirait
aujourd’hui. A noter qu’ils ont récemment sous-traité une enquête
en ligne auprès de leurs lecteurs en vue d’un développement
numérique.