Dr Nadia Khost, écrivaine syrienne, damascène — auteur de nombreux ouvrages, d’essais, et de nouvelles portant sur l’histoire, l’architecture, la conservation et la protection du patrimoine de la Civilisation Arabe - écrit dans son article « La Chrétienté, fille authentique de Bilad el Cham » en note :
(19) Émeutes de 1860 : note de l’auteur :
Parmi les événements qui ont préparé l’intervention étrangère
soi-disant pour la protection des chrétiens, des massacres qui ont eu
lieu en juillet 1860, simultanément en Syrie et au Liban :
Dans le livre d’Elias Boulad, descendant de la famille Boulad, réputée dans la production des soieries de Damas « livre des arts et métiers damascènes » page 173 : « la famille Boulad a utilisé des procédés perfectionnés pour la confection du Jacquard »
L’effondrement de la sériculture en France, à cause de la maladie du
ver a soie en 1860, ils se sont tournés vers la production de soie
syrienne et libanaise, qui concurrençait la production lyonnaise. Les
massacres des chrétiens qui travaillaient la soie ont été motivés par la
mainmise sur la production de la soie, leurs habitations et leurs
ateliers furent également détruits.
Le wali ottoman de Damas Ahmed Pacha fut complice de ces massacres
en n’envoyant pas ses soldats pas pour protéger les chrétiens.
Le but donc était : 1) d’anéantir les producteurs et les plus habiles artisans de la soie.
2) de déporter ce qui restait des chrétiens vers la France et Beyrouth,
chaque caravane comportait 3000 personnes. (pages267- à 276)
Ainsi la France mit fin à la concurrence économique et s’appropria la
production de soie brute syrienne et libanaise, et la chambre de
commerce de Lyon était libre de fixer les prix mondiaux de la soie. Et
ainsi fut détruite la renaissance industrielle damascène menée par les
chrétiens.
Les chrétiens de Midane qui travaillent les céréales n’ont pas été
concernés par ces massacres. alors que les chrétiens de Quemariye qui
travaillaient la soie ont été visés.
Plus tard, la chambre de commerce de Lyon a accueilli Gouraud qui
allait en Syrie et au Liban pour les mettre sous protectorat, elle lui a
mis comme condition d’interdire de couper les muriers, car les paysans
les coupaient pour planter des arbres fruitiers.les producteurs et
artisans damascènes ont résisté à l’occupation française car ils
tissaient à l’orientale et exportaient vers l’Egypte, le Soudan, l’Irak
et autres, et la France a mis la main sur la matière brute. En 1915, la
Chambre Lyonnaise de Commerce a envoyé une lettre au Ministère français
des Affaires étrangères, encourageant l’État français à dominer la Syrie
(Syrie – Liban – Palestine…). Car la Syrie est un pays producteur de la
soie et doit rester dépendante du marché de Lyon, qui importait chaque
année (500 Tonnes) de soie syrienne.
Lire sur le même sujet :
Syrie, mon amour. 1860, au cœur d’une guerre oubliée », roman historique de Christine Malgorn, paru chez l’Harmattan
https://www.editions-harmattan.fr/livre-syrie_mon_amour_1860_au_coeur_d_une_guerre_oubliee_christine_malgorn-9782296964433-37977.html
La
société du Mont Liban à l’époque de la Révolution industrielle.
chapitre XIV, " La soie devant les techniques et les besoins de
l’Europe". pages 210 à 242
lettre d’Abdel Kader publiée dans La Gazette de Lyon
http://web.archive.org/web/20150615003124/http ://www.memoireetactualite.org/presse/01JOURNALAIN/PDF/1860/01JOURNALAIN-18600806-P-0002.pdf