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Commentaire de Vivre est un village

sur Le désastre de l'éducation positive : quelle société pour demain ?


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Vivre est un village Vivre est un village 8 novembre 2023 11:31

@quijote
Summerhill s’est embourgeoisée et je le regrette...mais, par ailleurs : https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.cairn.info%2Frevue-reliance-2006-1-page-107.htm#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

Apaiser la violence, c’est guérir de la haine

17Pour apaiser la violence, il convient de guérir de cette haine, et l’éducateur doit comprendre et accepter le fait qu’elle devra s’épuiser avant que l’amour ne redevienne possible. Cette conviction est au cœur de la démarche pragmatique d’Alexander Sutherland Neill. Éduquer l’enfant destructeur revient tout d’abord à l’accueillir avec sa haine, dans sa haine. C’est être capable de rester respectueux de son moi lorsqu’il exprime par la violence son vécu d’indifférence et de se tenir debout, à ses côtés, dans l’amour Ce n’est pas une position morale, compassionnelle, c’est une position éthique d’accompagnement éducatif : « Être du côté de l’enfant constitue la thérapie la plus sûre [24]. » Position difficile, exigeante, engageante, car il s’agit de lutter, de combattre pour restaurer, chez le sujet envahi par la haine, la possibilité d’entrevoir à nouveau une place pour l’amour.

18L’instrument de ce combat est la mise en œuvre patiente et acharnée des conditions concrètes de l’exercice de la liberté. Pour Alexander Sutherland Neill, la pratique de la liberté en définitive soigne tout ou presque tout : « Si tous les enfants étaient élevés dans la liberté, la criminalité juvénile diminuerait beaucoup [25]. » La liberté est en l’espèce un opérateur technique. En s’éprouvant soi-même dans la relation libre à autrui, en se confrontant non plus à l’arbitraire mais au principe de réalité, l’enfant asocial trouvera le chemin de son autonomie : « Ma psychologie, c’est qu’un jeune démon, lorsqu’il est libéré de toute contrainte extérieure, devient un être humain sociable [26]. » « La contrainte, la sanction ne font qu’augmenter sa haine de soi et de l’humanité [27]. » Il y a, constamment présente dans la pensée d’Alexander Sutherland Neil, cette double équation. D’une part, la conviction qu’une éthique de l’amour ne se réalise que dans la liberté et que celle-ci n’a de sens que soutenue par cette éthique. Sans cela elle n’est qu’anarchie, laisser-faire, désordre. La liberté est l’ordre de l’amour, l’amour la condition de la liberté. D’autre part, que la violence et la haine ne peuvent être abandonnées qu’en retrouvant les conditions concrètes d’un exercice de la liberté et que l’éducation est le difficile accompagnement de cet apprentissage, car « la liberté ne s’exprime pas en paroles mais en actes. La meilleure façon de guérir un garçon de ses impulsions à casser les carreaux, c’est de rire et de les casser avec lui [28] ». Cette affirmation, pour provocatrice qu’elle soit, métaphorise parfaitement la pensée éducative d’Alexander Sutherland Neill. Reconnaître la légitimité des affects de haine chez celui qui a été privé d’amour engage l’éducateur à l’accompagner dans l’expression de celle-ci, puis, l’ayant dépassée, de s’en détacher.


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