@Fanny
Nous sommes forcément influencés par notre connaissance de la situation actuelle, et nous considérons que c’était inéluctable et devait donc être connu par les décideurs à chaque étape.
Je pense qu’ils sont plutôt influencés plutôt pas des ’’doctrines’’ établies dans leurs administration, ainsi celle de Bzezinsky aux USA datait des années 90 et a continué à être appliquée alors que le contexte avait changé (notamment depuis discours de Poutine en 2007). Par ailleurs l’idée est souvent ’’ils n’oseront pas’’, cela a par exemple été le cas à Munich en 1938.
Si nous regardons le premier vote à l’ONU demandant le retrait des troupes russes, une très large majorité de pays a voté pour cette résolution, une trentaine se sont abstenus, et 4 ou 5 ont voté contre. On pouvait croire donc à une large condamnation internationale. Mais les abstentionnistes étaient de grands pays et on finalement opéré ensuite un rapprochement avec la Russie. Et des ’’petits pays’’ se sont par la suite retiré de leur opposition à l’opération russe. Il y a donc eu une évolution qui a amené peu à peu un isolement des occidentaux sur la scène internationale, et sur ce point la diplomatie russe a été très efficace.
Autre sujet que vous évoquez, le nombre apparemment faible des forces russes de l’opération militaire spéciale en février 2022. Eh bien cela ressemble de très près aux opérations de ’’reprise en main’’ de l’époque soviétique, cherchant à faire tombé le gouvernement ’’révisionniste’’ (Budapest 56, Prague 58). Cela explique la file de camions (et non de chars) au nord de Kiev, troupes destinées au maintien de l’ordre après la mise en place d’un régime pro-russe (strictement aucune autre explication possible, l’hypothèse d’une diversion ne tient pas). Et comme auparavant, les troupes russes s’attendaient à être accueillies en libérateur par la population (notons que les partis pro-russe avaient progressé aux élections régionales en Ukraine, pouvant laisser croire cela).
La conquête de territoires à l’Est est en quelque sorte un plan de repli, ne pouvant s’assurer la suzeraineté sur un gouvernement vassal en Ukraine. En corollaire des scénarios d’éclatement de l’Ukraine en cas d’effondrement militaire, en jouant la montre et l’épuisement des réserves ukrainiennes. Mais çoute très cher à tout le monde, y compris au budget russe.