La problématique, ici, c’est que chacun argumente
principalement sur la base de ses préjugés et non sur la logique des faits.
Le fait est que Poutine, même s’il a éventuellement tous les
défauts qu’on lui reproche ici, a néanmoins relevé la Russie de la ruine où l’avait
plongée l’ère Gorbatchev-Eltsine, intégralement mafieuse, celle-là. Même si
Poutine n’est pas un ange, il a à tout le moins mis un sérieux frein aux
dérives mafieuses et oligarchiques. Par rapport au passé récent la majorité des
russes voit donc plutôt le verre à moitié plein qu’à moitié vide et vote en
conséquence, sans états d’âme ni illusions.
Ce redressement s’étant effectué, en outre, principalement au
détriment des mafias acoquinées avec l’Occident « libéral », celui-ci
voit donc cela d’un sale œil et essaye de le dégommer à tout prix. L’auteur de
l’article ne fait qu’y ajouter son modeste couplet, au demeurant fort mal
tourné, et surtout, du point de vue de la logique.
Effectivement il suffit de chercher un peu pour voir que
Nadejdine est un « raté » de longue date de la vie politique russe,
une sorte de « sous-Bayrou » à la russe, voire de « sous-Lecanuet »,
pour ceux qui s’en souviennent encore, une voix mal déguisée de l’empire US,
mais qui tenait encore assez bien debout, à cette époque !
La guerre créant évidemment une déchirure bien compréhensible
il profite donc de la blessure pour tenter de s’enkyster, sauf que retourner le
couteau dans la plaie ne fera que rassembler et cliver chacun des camps,
patriotes d’un côté et kollabos de l’Occident de l’autre.
Ses pseudos-« arguments » quasiment tous empruntés
au lexique de la propagande US permettent justement aux électeurs de voir d’où
il vient et trouvent donc d’eux-mêmes leurs limites, ce que l’auteur de l’article
semble incapable de comprendre, tant ses préjugés l’aveuglent.
La question de savoir si Nadejdine est « manipulé » ou non
est donc sans objet, dans la mesure où il remplit sa fonction qui est
précisément de « jauger » l’état de l’opposition kollabo
pro-occidentale et son influence réelle sur la société russe, et en fin de
compte de contribuer à traiter le problème en fonction.
Au moment voulu son allégeance par trop flagrante aux « thèses »
de l’Occident permettra évidemment de mettre un frein tout à fait légal, du
point de vue de l’intérêt national russe, à son action et à son influence
éventuelle.
Dans la mesure où Poutine continue à défendre l’intérêt
national russe au gré de la majorité de son peuple, cela reste une forme de « démocratie »
qui en vaut une autre, voire même mieux, en termes d’efficacité sur le terrain.
Évidemment cela changerait si le cours de la guerre
redevenait ce qu’il a brièvement été à l’automne 2022 avec les reculs russes à
Kharkov et Kherson. Pour l’instant, le sort des armes reste indécis mais là
aussi, le verre est en quelque sorte à moitié plein ou vide, selon le sens de l’histoire
qui reste donc à écrire, malheureusement avec toujours trop de sang, d’un côté
comme de l’autre.
Le fait reste néanmoins simplement que la nouvelle frontière
fédérale russe, même si elle devait s’arrêter là, est plus avancée qu’au début
de la guerre, et donc l’argumentation de Nadejdine y trouve aussi sa limite, et
celle de sa portée électorale.
Luniterre