« dans une petite ville de l’Isère : Tullins-Fures-Fures. Ainsi, on peut voir que l’éducation des enfants était, depuis longtemps, une préoccupation pour les édiles de la ville puisque les délibérations de la communauté font apparaître en 1601 que « le sieur Ennemond Damoure est élu pour remplir les fonctions de précepteur de la jeunesse »
Vous n’avez pas l’air au courant que c’était comme ça partout, en France, les ordonnances et déclarations royales
— imposaient l’enseignement obligatoire et gratuit pour tous les garçons et toutes les filles, sauf dérogation de l’évêque pour les parents justifiant que leurs enfants l’étaient déjà à domicile ou dans un collège,
— obligeaient toutes les communautés d’habitants (campagne) et municipalités à engager une maître d’école (et une maîtresse pour les filles au-dessus d’un nombre d’enfants),
— les autorisait à lever sur tous les foyers de la paroisse, même sans enfant scolarisé, un droit d’écolage pour payer leurs gages et leur maison,
C’était le curé de la paroisse qui faisait la liste des enfants en âge d’être scolarisés, et ceux qui l’étaient déjà par ailleurs. C’était l’évêque qui accordait les dérogations. Les parents récalcitrants étaient passible d’une amende.
Les maîtres et maîtresses d’écoles n’étaient jamais le curé de la paroisse mais soit des laïcs reçus maîtres d’une communauté d’écrivains, soit des membres d’ordres religieux enseignants qui étaient presque toujours des laïcs simple tonsurés comme les Frères des écoles chrétiennes, soit des religieux profès comme les ursulines, très rarement des prêtres.
Le recrutement se faisait par élection dans une procédure courante d’appel d’offre public, les candidats étant choisis par un vote de l’assemblée des habitants de la paroisse ou les consillres de la municipalité.
Dans les villes, les collèges (enseignement secondaire) qui étaient municipaux comme celui de l’Esquille à Toulouse faisaient l’objet régulièrement d’une concession pour plusieurs années entre des ordres religieux concurrents : jésuites, oratoriens, bénédictins, ou autres, qui présentaient un projet, un programme, les enseignants, un prix. Exactement comme actuellement pour les cantines qui sont concédés à des chaînes concurrentes comme Sodexo, Elior, Compass, ou autres. Le conseil de la municipalité (échevins, consuls, capitouls) votait pour la meilleure proposition.
Sous la révolution, l’enseignement public a été supprimé, les bâtiments des collèges et des universités (et des hôpitaux ou hospices) qui appartenaient à un ordre religieux ou à une paroisse ont tous été vendus comme biens nationaux, et rachetés par des bourgois, c’est-à-dire privatisés. Ceux qui n’avaient pas été démolis ou ruinés pendant la révolution ont été rachetés plus tard par les communes ou par l’État.