@Fergus
Ce que j’ai évoqué c’est l’organisation étatique et systématique de l’enseignement primaire (lire, écrire, compter) dans toutes les paroisses de France, gratuit et obligatoire pour tous les enfants, dès le début du XVIIe siècle. Elle se faisait dans des écoles, le plus souvent aussi le domicile du maître, par des professionnels qualifiés ayant été fait leur apprentissage puis ayant été reçus maîtres dans la communauté de métier des écrivains. (comme dans les autres professions artisanales). Il ne s’agit pas d’initiatives charitables locales.
Pour être exact, il y avait aussi des petites écoles publiques dans certaines abbayes, dans certaines églises canoniales, faites par des moines ou des chanoines, et ouvertes aux enfants de paysans du voisinage.
J’ai des ancêtres du côté de ma mère qui étaient ménagers, c’est-à-dire paysans concessionnaire exploitant à leur compte d’un petit domaine héréditaire dans un village de campagne près de Sisteron, ils passent à chaque génération des contrats de mariage et font des testaments chez le notaire local, et ils savent tous signer tous leur nom avec une écriture habile depuis le milieu du XVIe siècle, hommes et femmes. Donc ils étaient tous allés à l’école du village.
Les filles de Sainte-Agnès ou autres communautés de ce genre, appelées par les gens « béates » ce qui veut dire bienveillantes ou bienfaisantes (donc l’équivallent de « bonnes soeurs »), n’étaient ni des enseignantes, ni des religieuses. C’était des assistantes sociales, aides et conseillères ménagères à domicile, assistantes maternelles à domicile, ou infirmières itinérantes.
Les maîtresses d’écoles, les sage-femmes, et les religieuses ayant fait leurs voeux, c’était d’autres rôles différents et bien définis. Le Clergé était jusqu’en 1789 le service public du secteur social, médical, enseignement et culture, il avait un énorme personnel en-dehors du réseau des prêtres curés des paroisses, avec des corps d’agents spécialisés ayant une mission précise.
Des réseaux de communautés religieuses (comme les Ursulines) ou parareligieuses (comme les filles de Sainte-Agnès) se spécialisaient dans une question sociale particulière, certaines s’occupaient des enfants abandonnés, d’autres des mères de familles, d’autres d’ouvroirs de la charité pour les chômeurs, d’autres des prostituées repenties, d’autres des lépreux, d’autres des fous (les Lazaristes), d’autres des prisonniers et des bagnards (les Soeurs de Saint-Vincent-de-Paule), d’autres des captifs chez les Barbaresques, d’autres de faire l’école, soit aux garçons, soit aux filles.
Le mot « instruction » pour les enfants voulait dire à cette époque apprentissage du catéchisme et de l’histoire sainte qui relevait du curé, ce n’était pas l’enseignement de la lecture, de l’écriture et du calcul qui relevaient du maître d’école.