Tout d’abord l’U.E. est une chimère (aux deux sens du mot) dont la colonne vertébrale est l’OTAN, à savoir le bras armé des USA sur le continent européen. Si elle était une entité politique, elle aurait correctement perçue que son intérêt fondamental résidait dans la paix sur le continent européen et donc le respect de la parole donnée aux russes après la fin de l’URSS et le démantèlement du Pacte de Varsovie et en dernier ressort l’application des accords de Minsk qui prévoyaient explicitement le maintien du Donbass dans les frontières de l’Ukraine en échange d’une concession interne mineure, protégeant le droit des populations russophones.
L’U.E. qui n’est qu’une idée et pas une entité politique a donc fait le pari par l’entremise de Merkel et Hollande que la Russie se coucherait en abandonnant ce qu’elle considérait explicitement comme son intérêt fondamental (les européens ne savent faire que ça, projection quand tu nous tiens...) et a donc été la fleur au fusil vers la guerre.
Impossible donc de rétropédaler en avouant qu’on aurait dû conserver les fournitures énergétiques et le marché russe, maintenir la paix sur le continent, éviter un demi million de morts dans une Ukraine ravagée, etc... et qu’on a préféré cela au nom d’un droit sorti d’un chapeau imaginaire à tout pays de rejoindre le statut de base militaire US sous les fenêtres des russes...
Ils connaissent pourtant la doctrine « Monroe » qui est un des piliers de la politique étrangère des USA et a occasionné la crise des « missiles de Cuba » en 1962.
Sauf que deux nations nucléaires se sont mises le dos au mur, sans possibilité de reculer. Les Russes parce qu’ils se voient encerclés par un donneur d’ordre qui a ouvertement évoqué le découpage de la Russie comme objectif de politique étrangère et les USA parce que le camouflet s’entendrait à l’autre bout du monde. Et au final tout le monde meurt pour ne pas renoncer au droit des ukrainiens à entrer dans l’OTAN« ? Sérieusement ?...
»Something has to give" (quelque chose doit céder) et ce sera l’Ukraine comme terrain d’affrontement, mais la désintégration du pays ne semble pas poser problème à nos élites qui imaginent pouvoir soutenir financièrement un pays à l’arrêt pendant des années sans conséquences internes.
Quand Mearsheimer dit qu’il n’y a aucun accord qui puisse satisfaire les deux camps après ce qui s’est passé, il ne fait que dire que nous vivons la pire crise depuis celle de Cuba en 1962 en refusant obstinément l’analogie qui accuserait notre attitude depuis le début des années 1990.