L’article met en évidence le fait que les USA/UE/OTAN n’ont pas recherché la paix en 2014/2022, mais une confirmation de leur victoire dans la guerre froide en prolongeant cette guerre.
Il me semble que c’est toujours le cas.
Une chose est particulièrement inquiètante : la volonté de l’OTAN-UE de chasser par les armes la Russie de Crimée. C’est entre autres la position officielle de la France.
Peut-être est-ce une position prise par l’alliance OTAN dans la perspective de négociations, mais cela est douteux car il n’y a rien à négocier concernant la Crimée : soit elle devient russe définitivement, soit elle reste ukrainienne pour toujours, avec dans un cas comme dans l’autre une éventuelle large autonomie à définir par les Criméens (cf. Constitution de 1999). C’est binaire, il n’y a pas d’entre deux.
Cela est particulièrement inquiétant car il s’agit, de la part de l’alliance OTAN, d’ignorer l’avis des Criméens exprimé à deux reprises après la séparation d’avec l’URSS :
1954 : la Crimée, partie de la Russie, est transférée à l’Ukraine dans le cadre de l’URSS, par une décision administrative de Kroutchev/Staline. Sébastopol garde un statut spécial.
1991 : la Crimée vote sa séparation d’avec l’URSS à 54%, se maintenant dans le cadre de l’Ukraine qui elle vote son indépendance d’avec l’URSS à 90%.
1991-1999 : on assiste à un bras de fer entre la Crimée et l’Ukraine à propos de l’autonomie de la Crimée, finalement inscrite dans la constitution de 1999.
2014 : la Crimée vote son rattachement à la Russie à 96% (son retour dans la nation russe, après la parenthèse 1954-2014).
La contestation juridique de certains votes et décisions, et pas d’autres, est ridicule. Ce serait considérer que la légitimité de la décision de transfert de la Crimée de la Russie à l’Ukraine par Kroutchev/Staline, à l’occasion du 300 ème anniversaire de la réunification Ukraine-Russie, qui avait une certaine validité juridique dans le cadre de l’URSS (qui a disparu), serait supérieure aux votes postérieurs des Criméens. Absurde.
Il est légitime de considérer que les votes des Criméens en 1991 et 2014 expriment la réelle volonté des Criméens (54% pour le détachement de l’URSS dans le cadre de l’Ukraine en 1991 puis 96% pour son rattachement à la Russie en 2014 – les 2/3 des Criméens sont Russes).
L’ONU n’apporte pas grand-chose dans ce débat, sinon qu’elle met deux principes contradictoires de l’ONU en concurrence : l’intangibilité des frontières et le droit des peuples à disposer librement d’eux-mêmes.
C’est donc soit aux armes, soit à la communauté internationale (au CS de l’ONU) de décider du sort de la Crimée.
Si la Russie gagne la guerre contre l’Ukraine, c’est réglé concernant la Crimée. Mais les chefs de l’UE et de certains Etats de l’UE affirment que cette éventualité serait une menace vitale pour l’UE d’une part, et pour la sécurité de l’Europe au sens large d’autre part.
Même si ces affirmations discutables relèvent du jeu diplomatique et militaire, une victoire de la Russie aurait certainement de lourdes conséquences dans le monde. Cette victoire pourrait par exemple ne pas être acceptée par certaines parties/pays et générer une instabilité durable en Europe, voire une reprise de la guerre pouvant se transformer en conflit mondial. Donc une victoire de la Russie, si elle réglait le sort de la Crimée, ne serait pas synonyme de paix pour l’Europe.
Si aucune des parties ne gagne la guerre, et qu’une négociation est engagée, que peut-il en ressortir pour la Crimée ? A priori rien, ni dans un sens ni dans l’autre vu que c’est binaire. Un statut bancale à mi-chemin entre Ukraine et Russie paraît inconcevable. Ce serait la porte ouverte à une instabilité durable, à la poursuite du conflit.
Une défaite claire de la Russie ramènerait la Crimée dans le giron de l’Ukraine. Mais cela n’est envisageable que dans l’hypothèse d’une déstabilisation de la Russie en tant qu’Etat, on pense à la défaite de la Russie en 14/18 et à la révolution russe en 17 (éclatement, changement de régime avec guerre civile en Russie …). Ce cas de figure aurait aussi de lourdes et graves conséquences en Europe et dans le monde plus généralement.
La seule configuration qui donnerait une chance à la paix et la stabilité en Europe serait la reconnaissance par l’alliance OTAN que la Crimée est russe. On en est très loin aujourd’hui, malgré la volonté exprimée des Criméens. Les USA lorgnent toujours sur la base de Sébastopol.
Il n’y a donc pas de solution en perspective, ce qui nous condamne à l’instabilité en Europe sur la longue durée. Encore un « trou noir » dans le monde, comme en Palestine. Plus noir encore que la Palestine car lourd d’un conflit d’envergure pouvant signer la fin de l’Europe. Tout ceci, associé au bruit de bottes qui monte actuellement en Europe, est en effet très inquiétant.
01/03 08:13 - GoldoBlack
@GoldoBlack Ah bah non. Comme d’hab’. Des légendes qui servent à justifier des (...)
29/02 08:33 - GoldoBlack
28/02 19:21 - Doume65
@GoldoBlack Tu as raison. Ce mémorandum a été explosé peu de temps avant l’opération (...)
27/02 22:22 - GoldoBlack
@mmbbb C’est ça ! C’est parfaitement ça ! Il me manquait les mots pour te décrire (...)
27/02 15:40 - Jean Dugenêt
@alinea Non ! Je ne l’admets pas et j’ai expliqué en détail pourquoi. Avec vos (...)
26/02 22:56 - alinea
@Jean Dugenêt Le problème, en Ukraine comme naguère en Yougoslavie, c’est qu’il (...)
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