"La première chose que faisaient les nazis lorsque les déportés
arrivaient dans les camps était de les priver de leur nom pour leur
attribuer un matricule. (…)"
Ce n’est pas faux, mais ce n’était nullement spécifique aux Juifs déportés dans les camps. C’était commun à tous les prisonniers dans les camps, pas que les Juifs, si j’en crois le témoignage singulier de Paul Rassinier qui fut déporté en 1944 à Buchenwald puis ensuite à Dora où se fabriquaient les V1 et V2.
dans son livre « Le mensonge d’Ulysse » que j’ai eu l’occasion de lire récemment. Cela en était ainsi dans tous les camps ??? Il ne relate que ce qu’il a vécu, et vu.
"J’ai déjà noté que le National-Socialisme ne faisait aucune différence entre le délit politique et le délit de droit commun et que, par conséquent, il n’y avait en Allemagne ni droit, ni régime politique différenciés. Comme dans la plupart des nations civilisées, il y a donc de tout dans les camps — de tout et autre chose encore. Tous les détenus, de quelque catégorie de délit qu’ils relèvent, vivent ensemble et sont soumis au même régime. Il n’y a pour les distinguer les uns des autres que le triangle de couleur qui est l’insigne de leur délit.
Les politiques portent le triangle rouge.
Les droits commun, le triangle vert : nu, pour les Verbrecher ou criminels simples ; agrémenté d’un S pour les Schwereverbrecher ou grands criminels, et d’un K pour les Kriegsverbrecher, criminels de guerre. Ainsi sont gradués les délits de
droit commun du simple voleur à l’assassin et au pilleur d’intendance ou de magasin d’armement.
Entre les deux, toute une série de délits intermédiaires :
– Le triangle noir (saboteurs, chômeurs professionnels) ; le triangle rose (pédérastes) ; le triangle jaune fixé à l’envers sur le rouge, de façon à former une étoile (juifs) ; le triangle violet (objecteurs de conscience).
– Les gens qui, ayant fini un temps de prison déterminé, doivent ensuite accomplir ce que nous appellerions le doublage, ou la relégation à temps ou à vie, et qui portent en lieu et place de triangle, un cercle noir sur fond blanc avec un grand « Z » au centre : les libérés de la Zuchthaus ou maison de force.
– D’autres enfin et qui portent le triangle rouge la pointe en haut : les délits bénins commis à l’armée et à propos desquels une condamnation a été prononcée par un conseil de guerre.
Il y aurait encore à ajouter quelques particularités dans l’écussonnage des détenus : le triangle rouge surmonté d’une barre transversale de ceux qui sont envoyés au Konzett pour la deuxième ou troisième fois, les trois petits points noirs portés en brassard sur fond jaune et blanc pour les aveugles, etc. Enfin, ceux qu’on appelait jadis les Wifo : le même cercle que les Zuchthaus, mais à l’intérieur duquel le « Z » était remplacé par un « W ». Ces derniers étaient des travailleurs volontaires, à l’origine.