@Marc Dugois
En somme, vous résumez assez bien le
problème, et pour l’essentiel je partage assez votre analyse, avec néanmoins un
regard très critique à l’égard du manque de logique dans la définition de ce
que peut être une « chaîne de valeur », dans l’économie moderne, et
qui aboutit donc à la finalisation de la valeur commerciale des biens et des
services.
« Chaîne de valeur », qui,
que ça nous plaise ou non, amène une définition du prix de toutes choses
reflétant peu ou prou leur « valeur » dans la société actuelle, même
si avec quelques distorsions notables, mais secondaires dans le présent débat.
Du point de vue de la logique
économique la plus élémentaire il est donc nécessaire et incontournable que la
quantité de monnaie en circulation soit au moins suffisante pour que la
majorité des citoyens, et en principe même, absolument tous, aient de quoi se
payer les biens essentiels à une vie sociale décente dans le contexte moderne.
Dans la mesure ou la valeur réelle de
ces biens reflète à la fois l’investissement en main d’œuvre (énergie humaine),
et en capital fixe (ici, pour simplifier : machinerie plus ou moins robotisée),
il y a donc bien une sorte de « dualité » dans la fonction monétaire,
qui ne peut plus, et peut-être malheureusement en un sens, se réduire à la
seule énergie humaine.
Donc poser une sorte de « principe
moral » selon lequel l’énergie humaine serait « la seule source possible de la force de la monnaie »,
cela nous ramène bel et bien, en toute logique, à un stade de développement
économique qui doit absolument se passer de l’essentiel du progrès
technologique moderne, fondé sur le cycle de renouvellement du capital fixe, pour
en revenir, par voie de conséquence, à une société artisanale type « amish » !
Maintenant, on peut aussi suivre
logiquement une autre partie de votre raisonnement, qui parle de « l’intérêt
du groupe » pour l’utilisation des machines, et de leur intérêt « pour
la collectivité », il faut donc, dans cette optique et pour ne pas sombrer
dans le biais « amish », même s’il peut avoir son « charme
désuet » (pour le moins !), aller logiquement jusqu’à proposer la
collectivisation de l’usage des machines, c’est-à-dire des moyens de production,
in fine.
Ce qui semble nous ramener à la
question d’une forme moderne de socialisme, pour appeler un chat un chat…
Néanmoins « moderne » au
sens précisément où le cycle de renouvellement du capital fixe est aujourd’hui
complètement différent de ce qu’il était à l’époque de Marx, ou même, de l’URSS.
Ceci-dit, Marx, dix ans avant même la
publication du Capital, avait déjà envisagé et étudié le principe de cette
perspective, comme aboutissement de la société industrielle, dans ses Grundrisse, qui sont à la base son œuvre, d’où leur nom.
Ce qui nous reste de son œuvre est
donc tout à fait inachevé, même avec les efforts d’Engels pour compléter ses « brouillons ».
Même aux USA nombre d’économistes s’intéressent donc aux Grundrisse,
précisément pour comprendre l’évolution de la société industrielle en voie de
robotisation…
Luniterre
Cinq différences essentielles entre
l’époque de Marx et la nôtre (Nouvelle édition)
http://cieldefrance.eklablog.com/cinq-differences-essentielles-entre-l-epoque-de-marx-et-la-notre-nouve-a215228819
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