Dommage que les électeurs de l’UE
n’aient pas la même lucidité que Beethoven sur les illusions
portées par de « grands projets » comme celui de la
construction d’un empire en instrumentalisant l’enthousiasme de
populations entières.
Beethoven avait 19 ans quand la
Révolution française a éclaté. Les idées libertaires. Et
révolutionnaires l’ont séduit et Bonaparte qu’il considérait comme
le champion glorieux de la conquête de la liberté et de la
fraternité l’a fasciné au point de composer pour le célébrer la
Symphonie n°3 qu’il voulait dédicacer à l’homme qu’il
admirait.
En 1804, ses espoirs se sont écroulés
quand le général Bonaparte est devenu l’empereur Napoléon, ce qui
lui a fait dire : « Ce n’est donc rien de plus qu’un homme
ordinaire ! Maintenant, il va fouler au pied les droits humains, il
n’obéira plus qu’à ses ambitions ». La symphonie a alors pris
le nom de Symphonie Héroïque, avec en sous-titre « à la mémoire
d’un grand homme », et la dédicace pour Bonaparte a disparu.
Quand Napoléon a commencé à subir de
lourdes défaites, Beethoven a composé une œuvre à la gloire du
duc de Wellington, vainqueur des troupes napoléoniennes, saluée par
l’aristocratie, les Princes, et interprété devant les têtes
couronnées au Congrès de Vienne. Il était alors considéré comme
un compositeur d’état et pas du tout come le chantre de la
fraternité entre les hommes. Il avait même développé un sentiment
anti-français, confondant le pays, le peuple et un homme.
Quand Napoléon est mort à
Sainte-Hélène en 1821, en guise d’oraison funèbre, Beethoven s’est
contenté de dire : « Il y a dix-sept ans que j’ai écrit la
musique qui convient à ce triste événement ». Pour lui, l’idée
dune « Europe unie » était morte à ce moment-là et il
avait fait son deuil.