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Commentaire de ilias

sur Quand passent les cigognes...


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ilias 12 mai 2024 02:34

J’ai eu la chance de voir ce film, étant très jeune comme étudiant de 18 ans de fin du 1er cycle d’université, il y a bien longtemps, à la cinémathèque d’Oran, suivi d’un débat avec des cinéastes et des cinéphiles fins connaisseurs du cinéma soviétique. Comme à mon habitude, j’en ai tiré un billet de circonstance, synthétisant les échanges en salle, que j’ai inséré dans mon journal personnel.

Quand passent les cigognes : Une symphonie tragique de l’amour et de la guerre

La toile de fond historique et culturelle

Sorti en octobre 1957, Quand passent les cigognes« ( »Letyat zhuravli" en russe) de Mikhail Kalatozov se déroule dans le Moscou de 1941, à l’aube de l’invasion allemande. Le film nous plonge dans la vie de Boris et Veronika, deux jeunes amoureux dont l’idylle est brisée par la guerre. Ce drame romantique se tisse sur la toile de fond d’une époque tourmentée, où l’espoir et la tragédie se côtoient sans cesse.

Une exploration des profondeurs de l’âme humaine

Au-delà de la simple histoire d’amour, le film explore les profondeurs de l’âme humaine face aux épreuves de la guerre. Le film met en lumière les sacrifices consentis, les pertes endurées et les bouleversements psychologiques que le conflit impose aux individus. La détresse de Veronika, tiraillée entre son amour pour Boris et son attirance pour Mark, incarne la complexité des choix auxquels les personnages sont confrontés.

Une symphonie visuelle et sonore de haut vol

Le film se distingue par sa réalisation magistrale, marquée par une utilisation inventive du plan-séquence et des travellings latéraux fluides. Kalatozov crée une véritable symphonie visuelle, rythmée par les mouvements de caméra et les jeux de lumière. La musique d’une beauté poignante de Mieczysław Weinberg accompagne avec brio les émotions des personnages et souligne l’atmosphère dramatique du film.

Un message universel sur l’amour et la perte

Le film transcende son contexte historique pour délivrer un message universel sur l’amour, la perte et la résilience. Le film célèbre la force du sentiment amoureux mais n’occulte pas sa fragilité face aux aléas de la vie. La perte de Boris et la douleur de Veronika nous touchent profondément, nous rappelant la douleur immense causée par la guerre et la séparation.

Un film d’une importance capitale

Il a connu un immense succès international, remportant la Palme d’or au Festival de Cannes en 1958. Ce film a marqué un tournant dans l’histoire du cinéma soviétique, s’affranchissant des conventions du réalisme socialiste pour explorer des thématiques plus universelles et humaines. Aujourd’hui, il est considéré comme un chef-d’œuvre du cinéma mondial, reconnu pour sa beauté visuelle, sa profondeur émotionnelle et son message intemporel sur l’amour et la perte.

Considérations anthropologiques, historiques, culturelles, psychologiques et philosophiques autour du film

Le film offre une riche matière à réflexion sur plusieurs plans :

Sur le plan anthropologique, il met en lumière les comportements humains face à la guerre, à l’amour et à la perte, explorant les liens profonds qui unissent les individus et les bouleversements que les événements tragiques peuvent causer.

Historiquement, il dépeint la vie quotidienne dans le Moscou de la Seconde Guerre mondiale, offrant un témoignage poignant sur les sacrifices consentis par le peuple soviétique face à l’invasion nazie.

Culturellement, le film s’inscrit dans la tradition du véritable art cinématographique russe, marqué par sa profondeur d’analyse de l’âme humaine et son exploration des thèmes universels de l’amour, de la mort et de la condition humaine.

Psychologiquement, il analyse les mécanismes de défense mis en place par les personnages face au traumatisme de la guerre et explore les différentes formes que prend le deuil.

Philosophiquement, le film soulève des questions sur le sens de la vie, la place de l’amour dans un monde en proie à la violence et la capacité de l’homme à se reconstruire après des épreuves tragiques.


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