6 juin, à 80 ans du débarquement le jour (ou le mensonge… ?) le plus long
Par Vladimir Caller
Des chefs d’État, des rois et princes par douzaines, des journalistes par centaines et, bien entendu, les médias avec tout leur arsenal seront là pour fêter le débarquement ou, plus exactement, ce script cherchant à présenter les États Unis comme les artisans uniques de la liberté retrouvée en Europe, comme les héros, quasi solitaires, de la victoire sur le nazisme. Cette année, la mystification risque d’être encore plus bruyante à l’occasion du 80ème anniversaire de cet événement.
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Une parenthèse de dignité
Ce n’est donc pas par hasard que le général de Gaulle n’a jamais voulu participer à ces commémorations. Lorsque son biographe Alain Peyrefitte lui demanda les raisons de cette absence, de Gaulle répondit racontant comment Churchill l’avait informé de cette opération, organisée dans le dos de la France et impliquant pourtant son territoire : « Churchill m’a convoqué à Londres, le 4 juin, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne. Il m’a alors crié de toute la force de ses poumons : “De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt. Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains !” »
Et le général de préciser ses raisons à Peyrefitte : « Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne ! […] Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder ! » Et il conclut : « Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi[1]. » On peut, par contre, compter sur Biden, von der Leyen, Stoltenberg et leurs nombreux sujets dont Emmanuel Macron, le plus obéissant de tous.
Bien entendu, vous n’entendrez et ne lirez pas de tels récits ou réflexions dans ladite « presse libre » car ils sont beaucoup trop gênants pour leur présentation de l’histoire. Peut-être parce que, parodiant un illustre penseur, le capitalisme porte en lui le mensonge comme la nuée l’orage.
Vladimir Caller
[1] Alain Peyrefitte “C’était de Gaulle, Tome 2 (Édition de Fallois Fayard 1997), fragments, pages 84 à 87
Arrêt sur info, 6 juin 2024