La TONDELIER EST UNE CONNE
https://reseauinternational.net/symbole-de-lamelioration-climatique-dans-le-sahel-le-lac-tchad-ne-sasseche-pas-au-contraire/
par Patrice Gibertie
Une récente étude coordonnée par Florence Sylvestre de l’IRD,
montre que le lac Tchad ne s’assèche pas. Au contraire, depuis 13 ans,
son stock d’eau total augmente. Un constat encourageant dans cette zone
où la préservation du lac est un enjeu environnemental, économique,
politique et sécuritaire.
« Jusque-là les études de l’évolution du lac incitaient au
pessimisme, mais elles étaient en partie biaisées. En effet, les divers
conflits limitent les mesures sur le terrain. Et les images satellites
disponibles sont trompeuses car le lac y apparaît plus moins étendu
selon qu’elles ont été prises en période sèche ou humide. D’où la
nécessité d’une évaluation précise du stock d’eau terrestre du lac sur
le temps le plus long possible et en continu », relate Florence Sylvestre qui coordonne ce projet1. « C’est
pourquoi, j’ai fait appel à Fabrice Papa, chercheur IRD, Jean-François
Crétaux du CNES et Frédéric Frappart de l’Observatoire Midi-Pyrénées ».
Tous trois sont spécialistes de l’étude du cycle de l’eau et du climat
grâce aux observations spatiales au Laboratoire d’études en géophysique
et océanographie spatiales (LEGOS) de Toulouse. « Nous avons en outre été aidés par Binh Pham-Duc, un jeune chercheur formé à l’observatoire de Paris en hydrologie spatiale », complète la paléoclimatologue.
Ainsi, entre 2001 et 2018, la surface du bassin Nord du lac a diminué
légèrement, alors qu’au Sud, elle est restée stable, et a même connu
une légère hausse. « Plus précisément, même si le lac se recharge de
manière inégale d’une année sur l’autre selon les conditions
climatiques, depuis 20 ans, la cuvette nord n’a plus connu d’assèchement
total, y compris les années où la pluviométrie a été faible »,
indique Florence Sylvestre. Bilan : malgré la diminution du bassin Nord,
depuis 13 ans, la totalité des eaux de surface du lac augmente. « Autre
élément important, 70% de l’eau du lac est stockée dans son aquifère
[sa nappe phréatique, ndlr.] qui est en constante augmentation, complète la chercheuse. Il
est donc envisageable, les années où la sécheresse est trop intense, de
pomper dans ces eaux souterraines pour répondre aux besoins des
populations ».