@Aristide
« Avec la voiture autonome, nous n’aurons plus à conduire, nous pourrons déléguer ça à la machine. Avec le numérique, on te vend ça en permanence, on te vend du pouvoir, ce pouvoir de faire faire à la machine ce que tu pourrais faire directement, que tu faisais directement, et ce pouvoir doit être un soulagement. Pour moi, c’est un outillage de la paresse. On ne se pose pas assez la question de ce que cela nous fait en termes de puissance, de ce qu’on anesthésie. Il suffit de regarder le GPS, c’est une catastrophe cognitive. Tu vois tous ces gens qui ne sont plus capables de regarder une carte, de se dire « je tourne à droite puis à gauche »… Le dégât mental, cognitif, est bien plus grand que l’on ne le pense.
Ce sont des problèmes de spatialisation, des problèmes d’orientation, une capacité à comprendre le monde que tu n’as plus… En perdant tout ça, on perd beaucoup de capacités à penser. On nous vend aussi la voiture autonome en nous disant que cela libèrera du temps mais on a passé un siècle à libérer du temps et personne n’a plus le temps pour rien. Tout ce temps libéré a été ultra saturé par le numérique. Le numérique est une machine à accaparer le temps. Le néo—libéralisme numérique promettait de nous débarrasser de la bureaucratie mais c’est l’arnaque du siècle. C’est le contraire qui s’est produit. Répondre à des mails, remplir des formulaires, poster sur les réseaux... on passe son temps à travailler pour la machine. »
Alain Damasio