Contribution
Et me souvient en mourant
Des douces rives de Loire...
J. Du Bellay
Amour de Loire
Parmi les joncs et l’herbe, un cristal qui scintille.
Elle est née. Vierge et pure, des nuées elle est la fille
qui va balbutiant.
Timide ruisselet, sous la mousse elle murmure.
Puis joue sur les graviers, miroitante parure,
De l’eau vive le chant.
Elle s’éveille au grand jour, elle hésite un instant
D’un plan d’eau prisonnière, puis elle prend son élan
et va s’aventurant.
Ru menu puis ruisseau, elle dévale les pentes,
bondit de roc en roc en cascades ardentes,
Et se gonfle en torrent.
Le flot aux pieds des monts impétueux écume
Et roule puissamment le flot portant la grume
Arrachée aux volcans.
Et c’est, soudain calmé, un fleuve assagi
Qui traverse des plaines avant d’avoir choisi :
La mer ou l’océan ?
La Loire alors s’endort aux flancs du sable blond
Qu’elle étreint en ses bras en un amour profond,
Sous des cieux consentants.
Opulente et coquette, elle pare ses coteaux
De l’écrin de ses vignes, de l’or de ses châteaux,
Comme autant de joyaux.
Elle flâne tourangelle et caresse angevine,
La pierre, le tuffeau, qui la parant, divine,
Se mirent en ses eaux.
Elle baigne un long moment des berges portuaires
Avant de se donner en son long estuaire
Au sel et aux roseaux.
Puis en tristes reflets, sous les lourdes paupières
Que font à ses rivages de paisibles vasières,
La Loire en un voyage qui touche à sa fin,
Se mêle à l’Atlantique et s’y noie de chagrin.