@ricoxy
Il s’agit plutôt d’une attention à l’instant présent :
« Durant un instant, le vieil étang est tiré de sa mutique torpeur et la tranquillité de l’eau rompue par l’onde qui se propage à la surface. Derrière l’apparente simplicité d’une scène bucolique, le haïku témoigne de la capacité de l’esprit à saisir avec fulgurance la fugacité d’un instant, tel un sabre tranchant une tige de bambou ou la tête de l’ennemi. Matsuo Bashô était fils de samouraïs. S’il n’a jamais manifesté de goût pour l’art de la guerre (le bushido), sa poésie, en revanche, en conserve des traces manifestes : la conscience aiguë de l’instant présent est autant l’affaire du moine contemplatif, que celle du poète ou celle du guerrier. Car il peut se produire que l’instant présent s’avère, dans l’art du combat, l’instant crucial.
Cette attention à l’instant présent, me semble-t-il, ne saurait donc être trop rapidement confondue avec cette forme de relâchement - ainsi que l’extase un peu béate qui en résulte - à quoi on voudrait trop facilement résumer la sagesse d’Epicure, en oubliant que ce plaisir des sens ne prend justement tout son sens que dans la conscience vive du caractère éphémère de l’existence. C’est parce que nous n’avons qu’une seule vie (l’éternité ne nous est pas permise) que chaque instant intelligemment savouré acquiert sa valeur et sa signification. »
https://chemins-de-philosophie.over-blog.com/2014/06/ah-le-vieil-etang-une-grenouille-y-plonge-le-bruit-de-l-eau-poesie-de-l-instant-il-suffit-de-lire-le-poeme-avec-attention-puis-de-f