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Commentaire de SPQR audacieux complotiste chasseur de complot

sur L'épée de Dame Le Pen


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Bruno GUIGUE

On aura beau tenter d’occulter cette évidence, elle saute aux yeux : la Chine a accompli en soixante-quinze ans ce qu’aucun pays n’a réussi à faire en deux siècles. Elle a imaginé des solutions inédites, multiplié les succès comme les échecs. Aujourd’hui, cette odyssée continue, charriant à nouveau son lot d’incertitudes. Un regard rétrospectif, toutefois, laisse voir l’immensité du chemin parcouru, la profondeur des transformations accumulées, l’importance des progrès réalisés.

La République populaire de Chine a été proclamée par Mao Zedong le 1er octobre 1949. Lorsqu’ils fêtent cet anniversaire, les Chinois savent bien ce qu’est devenu leur pays. Mais ils savent aussi dans quel état il se trouvait en 1949. Dévasté par des décennies de guerre civile et d’invasion étrangère, c’était un champ de ruines. D’une pauvreté inouïe, le pays ne représentait qu’une part infime de l’économie mondiale, alors qu’il en représentait encore le tiers en 1820. Le déclin de la dynastie Qing et l’intrusion des puissances prédatrices ont ruiné cette prospérité. Avec le « siècle des humiliations », la Chine a subi les affres d’une longue descente aux enfers. Le pays a été occupé, pillé et ruiné. En 1949, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Ravagées par la guerre, les infrastructures sont délabrées. Incapable de nourrir la population, l’agriculture souffre de l’absence criante d’équipements, d’engrais et de semences.

En 1949, la Chine offre le spectacle d’une misère ahurissante. Composée pour l’essentiel de paysans pauvres, la population chinoise a le niveau de vie le plus faible de la planète, inférieur à celui de l’Inde ex-britannique et de l’Afrique sub-saharienne. Sur cette terre où l’existence ne tient qu’à un fil, l’espérance de vie est de 36 ans. Abandonnée à son ignorance malgré la richesse d’une civilisation plurimillénaire, la population chinoise compte 85% d’analphabètes. Cette misère n’a rien d’une fatalité : conséquence d’une exploitation éhontée, elle est l’expression de rapports sociaux de type semi-féodal. Heureusement, cette société inique n’était pas faite pour durer. Las de croupir dans le dénuement et la saleté, les paysans ont fini par mettre à bas le vieil ordre social en se rangeant au côté de Mao Zedong et du parti communiste. Événement inouï, cette révolution paysanne a fait basculer le quart de l’humanité du côté du socialisme. Libérée et unifiée par Mao, la Chine s’est engagée sur la voie étroite du développement d’un pays arriéré. D’une pauvreté inimaginable, isolée et sans ressources, elle a exploré des chemins inconnus.

Soixante-quinze ans plus tard, l’économie chinoise représente 20% du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat, et elle a dépassé l’économie étasunienne en 2014. En 2023, le PIB chinois (PPA) représente 142% du PIB des États-Unis. La Chine fabrique 50% de l’acier mondial. Son industrie représente le double de celle des États-Unis et quatre fois celle du Japon. Elle est la première puissance exportatrice mondiale. Premier partenaire commercial de 130 pays, elle a contribué à 30% de la croissance mondiale au cours des dix dernières années. Fulgurant, ce développement économique a amélioré les conditions d’existence matérielle des Chinois de façon spectaculaire. Avec 400 millions de personnes, les classes moyennes chinoises sont les plus importantes du monde. En 2019, 140 millions de Chinois sont partis en vacances à l’étranger : interrompu par la crise sanitaire, cet appétit pour les voyages va connaître une nouvelle vigueur. L’espérance de vie moyenne est passée de 36 à 64 ans sous Mao (de 1950 à 1975) et elle atteint aujourd’hui 78,2 ans (contre 76,1 ans aux États-Unis et 67 ans en Inde). Le taux de mortalité infantile est de 5,2‰ contre 30‰ en Inde et 5,4‰ aux États-Unis. L’analphabétisme est éradiqué. Le taux de scolarisation est de 100% dans le primaire et de 97% dans le secondaire. A l’issue de l’enquête internationale comparative sur les systèmes éducatifs pour l’année 2018, l’Organisation de coopération et de développement économique a attribué la première place à la République populaire de Chine.

Attestée par l’ONU, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’OCDE, l’ampleur des progrès accomplis par la Chine donne le vertige. D’après l’ex-économiste en chef de la Banque mondiale, l’apparition d’une énorme classe moyenne en Chine est la principale cause de la réduction des inégalités mondiales entre 1988 et 2008 : en vingt ans, la Chine a réussi à extraire de la pauvreté 700 millions de personnes.¹ Des résultats colossaux, sans commune mesure avec les progrès enregistrés dans des pays, comme l’Inde, qui avaient un niveau de développement comparable en 1950. Mieux encore, la « pauvreté extrême » (selon les normes internationales) a été éradiquée en 2021 au terme de dix ans d’efforts. Près de 100 millions de personnes ont enfin obtenu les « cinq garanties » : nourriture, vêtements, logement, éducation et santé. Cette disparition de la misère se lit aussi dans les statistiques portant sur les revenus. Calculé en parité de pouvoir d’achat, le revenu annuel moyen disponible par tête des Chinois atteint 19 340 $, soit 83% de celui des Français. Chaque année, il progresse de 5% environ. Avec la généralisation de la protection sociale, 95% des Chinois ont une assurance-maladie, alors que la moitié de la population mondiale n’en a aucune. Corrigeant les effets des réformes structurelles des années 1990, le parti communiste a mis l’accent sur la réduction des inégalités et la recherche de la « prospérité commune ». Le salaire moyen réel a quadruplé en vingt ans, notamment sous l’effet de la mobilisation ouvrière, et les entreprises étrangères ont commencé à délocaliser leur activité à la recherche d’une main d’œuvre moins coûteuse.

https://www.legrandsoir.info/ainsi-va-la-chine-en-2024.html


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