Le Merou, Jakem,
Le fascisme est une singularité intéressante à analyser ; formée à la croisée de phénomènes historiques de fond, et d’idéologies en cours, y compris ses retournements, Mais c’est un bourbier d’essayer de les rassembler, et je ne vais pas le faire ici.
Juste ça : Karl Polyanyi avait expliqué dans « La Grande Transformation » comment la Révolution Industrielle avait dépossédé progressivement les gens de leur habitus, qu’il appelait désencastrement : les terres d’usages devenant marchand, puis le travail, puis la monnaie, etc... Et pour le fascisme, il a parlé de « réencastrement pathologique ».
Une phrase du Grand Visionnaire, alors :
Je n’aime pas les socialistes, car ils ne sont pas socialistes, je n’aime pas les miens, car ils aiment trop l’argent.
Et en effet, ils ont réussi ce tour de force de tout dilapider, y compris l’indépendance du pays si chèrement acquise avec les résistants.
Car de Gaulle avait réussi un autre tour de force. La caractéristique des résistants, qui n’étaient pas nombreux au début, est qu’ils venaient de tout horizon : riches, pauvres, de l’extrême gauche à l’extrême droite, cathos tradis, francs macs, Français, étrangers, juifs, antisémites... Il a réussi ce tour de force de les rassembler, avec Jean Moulin, mais il savait aussi choisir ses hommes. Il n’avait même pas besoin de parler de « vivre ensemble », il le faisait. C’est ce qu’il a voulu transmettre avec le programme du CNR. On sait ce qu’est devenu ce parchemin...
Il ne reste plus que sa citation de visionnaire en épitaphe pour feu notre pays.
Avec un dernier rototo pour débarrasser : « Facho ! ».
Bon, je m’échauffe un peu trop sans doute, en essayant de faire semblant de croire que j’exagère.