Vous connaissez la boutade de Descartes : le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, la preuve c’est qu’on n’a jamais vu quelqu’un se plaindre de n’en avoir pas assez.
Le bon sens. Est-ce qu’il y aurait un « mauvais »sens ? C’est à examiner de près.
Le bon sens évoque une opération mentale, un raisonnement simple, évident. Mais il peut se tromper, combien de réactions de bon sens ont abouti à des erreurs, voire à des catastrophes !
Dans les théories scientifiques, une chose qui paraît évidente ne l’est souvent qu’après de longues recherches et des tâtonnements. Le résultat paraît évident après-coup. De même pour l’expérimentation, on essaie ceci ou cela et la perspicacité et le travail de l’expérimentateur peuvent déboucher sur quelque chose de nouveau. Mais le nouveau n’est pas obligatoirement utile, ou il peut l’être des décennies plus tard. Je pense à l’algèbre de Boole par exemple au XIX ème siècle, utilisée en informatique.
Dans la recherche, le hasard ne récompense que ceux qui sont préparés. Découvrir, c’est enlever la couverture, c’est révéler à quelques-uns ou à tous, c’est selon. Le bons sens, lui, vient après coup.