Tolzan @Hervé Hum
Merci pour votre commentaire particulièrement intéressant.
Votre analyse est lucide, mais il me semble qu’elle n’identifie
pas les racines du mal, le capitalisme n’étant que l’aboutissement provisoire de
l’exploitation de l’homme par l’homme. En fait, l’Histoire de l’humanité n’est
que la répétition du même scénario : le fort écrase le faible et écrit
l’Histoire.
Aussi, comment expliquer cela ?
Sans doute en grande partie en raison du premier principe universel
suivant (qui comme vous l’écrivez, est invariant quelle
que soit l’échelle, le domaine ou l’époque) souvent observé : le pouvoir rend fou, et le pouvoir absolu
rend absolument fou (Lord Acton, fin du XIXe siècle). « rend fou » signifie
ici "le ou les dirigeants au pouvoir dérivent vers l’autoritarisme,
l’égoïsme, l’endogamie, l’arbitraire". Par exemple, cela s’est appliqué aux
dirigeants des régimes communistes qui sombrèrent dans le totalitarisme,
assassinant des millions d’innocents alors que les communistes voulaient construite
un monde nouveau et assurer le bonheur du peuple ! Le comité central avait tous
les pouvoirs (système totalement hiérarchisé) donc il n’existait aucun moyen de
stopper la dérive totalitaire. Cela s’applique aujourd’hui aux directions des
banques d’affaires, des grands trusts internationaux qui écrasent des millions
d’individus (c’est-à-dire imposent des décisions arbitraires) pour dominer et
satisfaire leurs intérêts, leur volonté de puissance et leur cupidité.
Ce qui rend particulièrement pessimiste est que ces faits
résultent d’un principe empirique encore plus fondamental, le principe de hiérarchisation qui dit : pour tout système comportant un grand nombre d’éléments (humains ou artificiels), l’on doit introduire (tôt ou tard, en tout ou en partie)
une architecture de contrôle hiérarchisée pour assurer sa sûreté de
fonctionnement conformément aux objectifs assignés. En clair : il faut
introduire une série de couches de contrôle (et, ou de délégation), le niveau N
contrôlant le niveau N+1. Le problème chez les humains (mais absent dans les
systèmes artificiels) est que le risque existe toujours que le niveau N confonde
autorité et autoritarisme vis-à-vis du niveau N+1 et qu’il est très difficile, pour
empêcher cela, de mettre en place un « rétro » contrôle du niveau N+1
vers le niveau N. Le pire cas survient, dans toute organisation humaine
hiérarchisée, quand le niveau 1 (celui qui possède le pouvoir ultime de
décision) cherche à outrepasser ses prérogatives (car le pouvoir rend fou), et
le risque sera d’autant plus grand que le système (société, armée, banque, parti
politique, syndicat, administration, etc) sera fortement hiérarchisé, sachant, hélas,
qu’un système non hiérarchisé (dit souvent totalement distribué) est inefficace
pour gérer les grands systèmes.
On ne sait donc pas construire un système humain sans risquer
que les dirigeants trahissent les valeurs qui les ont portés au sommet. Et ce
qui est probable finit toujours par se réaliser sur les temps longs ! Ainsi va l’histoire
de l’humanité depuis la nuit des temps. Pire encore : il n’est aucune raison
pour que cela cesse après la fin du capitalisme.