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Commentaire de Tolzan

sur Thomas Piketty : « Ils ne savent à peu près rien… »


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Tolzan Tolzan 10 novembre 17:25

Tolzan @Hervé Hum

Merci pour votre commentaire particulièrement intéressant.

Votre analyse est lucide, mais il me semble qu’elle n’identifie pas les racines du mal, le capitalisme n’étant que l’aboutissement provisoire de l’exploitation de l’homme par l’homme. En fait, l’Histoire de l’humanité n’est que la répétition du même scénario : le fort écrase le faible et écrit l’Histoire.

Aussi, comment expliquer cela ?

Sans doute en grande partie en raison du premier principe universel suivant (qui comme vous l’écrivez, est invariant quelle que soit l’échelle, le domaine ou l’époque) souvent observé : le pouvoir rend fou, et le pouvoir absolu rend absolument fou (Lord Acton, fin du XIXe siècle). « rend fou » signifie ici "le ou les dirigeants au pouvoir dérivent vers l’autoritarisme, l’égoïsme, l’endogamie, l’arbitraire". Par exemple, cela s’est appliqué aux dirigeants des régimes communistes qui sombrèrent dans le totalitarisme, assassinant des millions d’innocents alors que les communistes voulaient construite un monde nouveau et assurer le bonheur du peuple ! Le comité central avait tous les pouvoirs (système totalement hiérarchisé) donc il n’existait aucun moyen de stopper la dérive totalitaire. Cela s’applique aujourd’hui aux directions des banques d’affaires, des grands trusts internationaux qui écrasent des millions d’individus (c’est-à-dire imposent des décisions arbitraires) pour dominer et satisfaire leurs intérêts, leur volonté de puissance et leur cupidité.

Ce qui rend particulièrement pessimiste est que ces faits résultent d’un principe empirique encore plus fondamental, le principe de hiérarchisation qui dit : pour tout système comportant un grand nombre d’éléments (humains ou artificiels), l’on doit introduire (tôt ou tard, en tout ou en partie) une architecture de contrôle hiérarchisée pour assurer sa sûreté de fonctionnement conformément aux objectifs assignés. En clair : il faut introduire une série de couches de contrôle (et, ou de délégation), le niveau N contrôlant le niveau N+1. Le problème chez les humains (mais absent dans les systèmes artificiels) est que le risque existe toujours que le niveau N confonde autorité et autoritarisme vis-à-vis du niveau N+1 et qu’il est très difficile, pour empêcher cela, de mettre en place un « rétro » contrôle du niveau N+1 vers le niveau N. Le pire cas survient, dans toute organisation humaine hiérarchisée, quand le niveau 1 (celui qui possède le pouvoir ultime de décision) cherche à outrepasser ses prérogatives (car le pouvoir rend fou), et le risque sera d’autant plus grand que le système (société, armée, banque, parti politique, syndicat, administration, etc) sera fortement hiérarchisé, sachant, hélas, qu’un système non hiérarchisé (dit souvent totalement distribué) est inefficace pour gérer les grands systèmes.

On ne sait donc pas construire un système humain sans risquer que les dirigeants trahissent les valeurs qui les ont portés au sommet. Et ce qui est probable finit toujours par se réaliser sur les temps longs ! Ainsi va l’histoire de l’humanité depuis la nuit des temps. Pire encore : il n’est aucune raison pour que cela cesse après la fin du capitalisme.


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