@Com une outre
On s’appuie, essentiellement sur la parole critique, sacralisée, à sens unique d’anciens de l’ASE,
comme si le fait d’en avoir été, mettait dans une situation de tout savoir et
comprendre, alors que fréquemment ceux qu’on entend donnent l’impression qu’ils
confondent la souffrance résultant de l’histoire familiale qui les a amenés
vers l’ASE, avec l’institution qui les a protégés, qui sert de bouc
émissaire. Il y en a bien d’autres qui pourraient dire autre chose, mais on le les entend pas sous cette déferlante négative. Et derrière cela, où sont les outils d’une analyse objective
rigoureuse menée hors de cette pression, de l’émotion ? Où est entendue la voix
des travailleurs sociaux dont l’expertise est méprisée ? Sans doute parce que ces
derniers sont, eux, dans la rationalité dont on semble avoir perdu le fil.
C’est l’époque ou lorsque l’on se présente en victime, tout vous est dû, avec
des médias à l’affut de la moindre émotion qu’ils font fructifier en l’usant
jusqu’à la corde, sur le mode du scandale pour faire le buzz, attirer la
lumière. Il se trouve que s’il y a un problème, c’est celui propre à une
gestion managériale, comptable, qui tend à traiter les usagers comme des
clients et les travailleurs sociaux mis en situation de faire de l’abatage,
avec un nombre de situations ingérables, d’autant plus en période de crise de
recrutement. Ne peut-on pas se rendre compte que c’est finalement l’Etat dont
on fait le procès, et particulièrement de l’Etat providence, à l’image d’un
Bruno Le Maire qui dit qu’il faut en finir avec lui, pour en arriver demain à
des missions réduites à peu de chagrin, qu’on repassera au secteur privé docile
à rentrer dans les clous des restrictions budgétaires ? C’est
ça que l’on veut ? Et tirer un trait sur toute une histoire du travail social inscrite dans l’esprit du service public, ce qui est des plus précieux pour les enfants en risque ou en danger et leurs familles ?