@JPCiron

Je ne suis pas sûr de bien comprendre la phrase d’Aristote (est-ce que j’ai un cerveau trop petit pour ça...). Même si, comme Darwin, je reconnais un maître à penser qui surplombe l’histoire humaine. Je médite pas mal son « le tout est plus que la somme des parties », dans « La Métaphysique ». Avec les écosystèmes, le holisme, l’holobionte, on redécouvre cette vieille phrase, alors que cette façon de penser était complètement irrationnelle il y a encore 30 ans. Sans doute que dans l’antiquité, en tout cas dans certaines régions, la pensée était libre pour percevoir des évidences que gênent maintenant des gangues idéologiques et religieuses à pensées binaires tu crois/tu crois pas ou pour/contre.

Pour le cerveau et la main j’adhère complètement aux explications de Leroi-Gourhan : la libération de la main qui a ouvert le cerveau à de nouvelles évolutions, physiologiques comme dans les pensées. Les singes et lémuriens sont les seules espèces du monde vivant (à peu près) à avoir plusieurs extrémités articulées, pour se déplacer de branche en branche. Les mains de la lignée devenue bipède qui a quitté l’arbre étaient devenues vacantes : disponibles à réemploi pour transporter, approvisionner, entasser, fabriquer, organiser. Ce que ne peuvent tout simplement pas faire les autres animaux, cerveau ou pas.

La phrase d’Aristote me semble plus floue. Alors peut-être que c’était une évidence commune à son époque que l’intelligence du cerveau venait de la main (contrairement à la nôtre, qui nous prenons pour des créatures intellos et/ou des élus divins parmi les animaux). Auquel cas, il aurait corrigé que c’est aussi une co-évolution, le cerveau qui aussi déploie les possibilités des mains. Les pouces de nos mains du bas ont perdu l’articulation latérale, ils se sont mis dans l’alignement des autres doigts pour ne plus gêner la marche et renforcer la propulsion. le choix du cerveau de notre lignée bipède a spécifié mécaniquement les fonctions de nos mains du haut et du bas.

Pour le rétrécissement du cerveau humain, il faut aussi penser que justement la bipédie a dévié le parcours pelvien pour que le bassin puisse supporter le poids du tronc, contrairement à celui du quadrupède, dans le prolongement de la colonne vertébrale. La femelle qui meurt en couche est un problème spécifiquement humain, qui ne concerne guère les autre animaux pour l’expulsion des bébés. La forme globicéphale du cerveau, c’est déjà mieux que celui en casque à vélo du quadrupède nécessaire pour regarder droit devant. Peut-être qu’il faut encore compacter un peu le cerveau pour que nos pauvres mamans souffrent moins.
Dame Nature a des ressources : on s’intéresse aux huit cerveaux de la pieuvre, un dans chaque tentacule, qui se concertent constamment entre eux en fonction des informations tactiles et rend ces créatures si intelligentes. Bon, nous, on n’a pas de tentacules...
Pour anecdote, j’ai des potes, plus très jeunes, mais ça existe encore du côté de chez moi, qui sont nés au bord de rivière. La mère accouche à quatre pattes, une jambe devant l’autre derrière, alternant avec la position couchée sur le côté. J’aime bien ce moment étrange pour moi quand ils me montrent l’endroit précis où ils sont nés, en bas de leur maison, pendant qu’on baigne dans la rivière.