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Commentaire de Fanny

sur Troisième guerre mondiale ou baroud d'honneur avant la mort du cygne ?


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Fanny 3 décembre 2024 13:17

@jjwaDal
 les USA s’y sont pris de la pire des manières en unissant leurs « adversaires » (perçus comme tels) au lieu de les diviser

Je partage votre avis, ce qui m’a inspiré cette petite divagation sur l’état du monde en 2024.

Les USA furent nuls en 18, géniaux en 45 et à nouveau nuls en 2014/22.

En 18, ils n’étaient pas encore sûrs d’avoir maîtrisé l’Europe et le monde. Ils ont donc poursuivi en Europe la politique classique de la maison mère, la GB : diviser pour régner. Le nazisme en a largement bénéficié.

En 45, ils n’avaient plus aucun doute à propos de leur domination des deux puissances européennes, France et Allemagne, et donc du monde. La GB n’était pas pour eux un souci non plus que l’Italie, l’Espagne … Tous se sont regroupés autour des USA pour affronter le communisme, l’URSS.

Succès, qui n’était pas gagné d’avance mais les USA étaient en très grande forme idéologique, artistique, technique et scientifique. Un pôle mondial idéalement situé entre deux océans et très largement admiré et envié. Les baby boomers comme moi en ont bien profité, sachant que les USA offraient le parapluie nucléaire et la paix en Europe (pas tout à fait gratuitement, cependant).

Cela a fait la différence face à un système politique expérimental qui a bénéficié de la conjonction de plusieurs facteurs indépendants pour s’emparer du pouvoir en Russie et s’établir en tant qu’URSS : tsarisme en fin de course, guerre mondiale (européenne d’abord), philosophie écono-sociologique sophistiquée, le marxisme, destinée à une Europe en pointe du développement industriel.

Cette expérimenation, le communisme, est intervenue dans la même période que les mouvements de décolonisation, ce qui a créé la confusion sur deux fronts : la lutte contre le communisme et les guerres de décolonisation utilisant les communistes comme boucliers contre les puissances coloniales.

En 2014/22, on arrive en fin du cycle ouvert en 45. Les nuages s’accumulent. Les guerres du MO sont un échec pour les USA, qui ne comprennent pas grand-chose au monde musulman auquel ils tentent de s’allier, y compris à ses dérives les plus radicales. La Chine monte inexorablement, sans qu’il y ait de perspective de la maîtriser voire la vaincre, comme l’URSS en 91 (on espère toujours, on bloque les puces, mais on sent bien que ça ne va pas le faire).

La Chine est en effet une autre civilisation, pas comme la Russie du temps de l’URSS où la compétition se déroulait entre deux ensembles de culture chrétienne, le plus « chrétien » l’emportant, le marxisme se révélant « chrétien » (de gauche, égalitaire) mais dis-fonctionnel et finalement perverti.

Après 91, un monde nouveau émerge, Chine, Inde, Indonésie, Afrique, Brésil … Les USA maîtrisent l’Europe, l’UE, mais le reste du monde en développement n’est plus maîtrisable, il leur échappe. La guerre du Vietnam n’est plus imaginable, non plus que les regime change pilotés par les USA en Indonésie, Iran … C’est néanmoins encore possible dans l’environnement immédiat de l’Europe (Moldavie, Géorgie …).

Ces nouveaux entrants aux démographies impressionnantes ont, après 2010, un protecteur symbolique à parité nucléaire avec les USA : la Russie, qui s’est en partie refaite après son effondrement de 91. La Russie hérite d’une expérience : la confrontation avec les USA du temps où elle était la composante majeure de l’URSS. Le discours de Münich de Poutine en 2007 marque ce basculement : la Russie sera désormais aux côtés du reste du monde face aux USA et sa protégée, l’UE.

La guerre en Ukraine fait apparaître, révèle cette nouvelle architecture mondiale. La Russie confirme sa capacité de défier les USA. L’hyperpuissance, qui domine la finance mondiale, croit pouvoir vaincre la Russie par le la voie économique. Bruno Le Maire s’est posé en porte-voix. A l’Ouest, on espère encore que cette voie sera payante, sait-on jamais : on est dans l’imprévisible, l’architecture mondiale en mouvement ne permettant pas d’y voir clair.

Et il n’y a pas que les nouveaux entrants. Il y a un vrai déclin idéologique aux USA, favorisé par la French theory et le wokisme (ironie de l’histoire : la France se vengeant ainsi de 1945, du projet US de la coloniser). Reste malgré tout, et ce n’est pas rien, la domination US dans les sciences, le numérique, les armes, la finance, le soft power et la communication (celle-ci en déclin, avec le pouvoir de séduction).

Les planètes ne sont plus alignées en faveur des USA, comme en 45 et 91. Les USA peinent à s’adapter à la nouvelle donne. Alors l’hyperpuissance se replie et choisit Trump, qui décide d’isoler le pays, de dresser des barrières douanières et anti-migratoires. Les USA sont sur la défensive, adoptent la stratégie de la tortue, stratégie de long terme inspirée de la finance.

Ce repli annonce-t-il un « revival », un « born again » des USA ? Personne ne peut le dire avec certitude, mais c’est assez probable, avec un positionnement différent dans un monde multipolaire tant les USA cumulent d’avantages. Avantage géographique d’abord avec cette situation idéale, avantage démographique avec le réservoir de l’Amérique latine, avantage techno-scientifique avec ce formidable réseau d’universités richement dotées et attirant les cerveaux du monde entier.

Quoi qu’il en soit, les USA resteront encore longtemps au centre du monde comme puissance de référence, comme moteur du monde durant au moins un ou deux siècles à partir du XXème, voire davantage. Pendant que l’Europe vieillissante poursuit son déclin démographique, économique, idéologique, moral et religieux. Il va se passer des choses rock’n roll en Europe ...

 


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