@SPQR-audacieux complotiste-Monde de menteurs
CIA : un Etat dans l’Etat en guerre permanente
Auteur, entre autres, du déjà captivant « Les hommes de la Maison
Blanche », William Karel poursuit ses investigations sur les véritables
détenteurs du pouvoir aux Etats-Unis en livrant un impressionnant
travail en trois parties, « CIA : Guerres secrètes », sur le service de
renseignements le plus controversée du monde pour lequel le réalisateur
met en exergue une citation d’un journaliste du « New-Yorker » : « Dans
CIA, Central Intelligence Agency, il y a un mot de trop : Intelligence !
»
Diffusée ce soir, la première partie du film de Karel, intitulée «
Opérations clandestines », s’intéresse à la période 1947-1977 durant
laquelle l’« Agence », comme on la désigne dans les milieux du
renseignement, est à l’origine de tous les coups tordus, changements de
régimes brutaux et autres coups d’Etats douteux aux quatre coins du
Globe, de préférence socialistes… En fait, étrange similitude avec les
événements du 11-Septembre, la CIA est née de l’incapacité du FBI, qui
avait alors une compétence internationale, à anticiper l’attaque de
Pearl Harbor en décembre 1941 qui a précipité les Américains dans la
guerre. Le président Truman a retiré à J. Edgar Hoover, directeur
emblématique du FBI, la responsabilité du renseignement stratégique à
l’étranger pour le confier à un nouveau service, la CIA. Truman lui
interdit d’opérer sur le sol national (une règle qui sera transgressé
pendant vingt ans puisque des milliers d’Américains seront placés sur
écoute jusqu’en 1976) et tous ses moyens sont concentrés vers
l’étranger. Aujourd’hui, l’Agence représente 20 000 collaborateurs et un
budget de 28 milliards de dollars. Mission : « Intervenir là où la
diplomatie s’avère insuffisante et l’action militaire contre-indiquée ».
DÉSHERBANT DANS LA BARBE
Première cible, devenue une obsession jusqu’à son effondrement,
l’URSS et la menace communiste. « Tous nos services ont fait une
fixation sur l’URSS », reconnaît un témoin de Karel qui révèle les
contacts pris dès 1943 pour débaucher des criminels de guerre nazis.
Tout ce qui s’apparente de près ou de loin à un régime de gauche, et
donc l’incarnation du Mal absolu pour les intérêts américains, est
combattu puis renversé : l’Iran de Mossadegh, le Guatemala d’Arbenz
Guzman ou le Congo indépendant de Lumumba pour lequel la CIA voulait
employer un dentifrice empoisonné. La cible qui a focalisé l’attention
des barbouzes américains, c’est Castro et la CIA a commandité son
assassinat. Selon les uns, il aurait échappé à huit attentats, entre 18
et 25 selon les autres… « On avait formulé des propositions ridicules
comme introduire du désherbant dans sa barbe », se souvient un témoin de
l’époque. Limitée par Kennedy (Karel se demande si elle est impliquée
dans son assassinat), la CIA est au centre de l’action de Johnson puis
de Nixon. Elle est à l’origine de la guerre du Vietnam où elle organise
l’opération Phénix : plus de 20 000 « assassinats ciblés » d’élites dans
le nord du pays. « Chaque assassinat était signé, explique Karel. Une
carte à jouer était mise en évidence sur les victimes qui, souvent,
avaient été torturées. « Après le Watergate, et le coup d’Etat du Chili,
le CIA fera l’objet d’une enquête sénatoriale qui mettra au jour ses
dérives. Pour rien, ou presque…
Sébastien MARTI.