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Commentaire de SPQR-audacieux complotiste-Monde de menteurs

sur L'Occident accuse la Russie d'avoir lancé des attaques inhumaines le jour de Noël ! Où est la vérité et où sont les mensonges ?


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@SPQR-audacieux complotiste-Monde de menteurs

Liberté - Égalité- Fraternité : on n’a jamais autant clamé cette devise que dans la France en armes. Or est-il un statut moins libre, moins égalitaire, moins fraternel que celui de militaire ?

« Rassembler ce qui est épars » : mais autour de quoi ou de qui ? En 1791, on pensait encore en France, bien que déjà avec de fortes réserves, que ce devait être autour du roi, « père » du peuple. Un an plus tard, avec la trahison bien réelle de Louis XVI, il n’y avait plus de « père » acceptable, et ce fut la mise à mort qui fit basculer l’Histoire car elle déplaça radicalement, sur autre chose que Dieu et la dynastie de droit divin, la reconnaissance du sacré où se fonde l’État, la Nation, la Fraternité nationale.

Vint la République : sur quel « sacré » la fonder ? Quelques années auparavant, une autre République s’était créée en Amérique. Prudente, puritaine, elle s’était référée à Dieu : In God we trust. La Révolution ne se contente pas de cette hypocrisie, elle fait quelque chose d’inouï : elle crée son propre sacré. La source sacrée de fraternité, devant la trahison royale et la menace étrangère, devient la « Mère-patrie », « la Patrie en danger » exigeant, autant que Dieu, le sacrifice suprême. Mère et peut-être surtout : Veuve. On devrait réfléchir au fait que Veuve a désigné, en ces temps-là, la Patrie, la République, la franc-maçonnerie… et la guillotine. Une fois encore : le meurtre fondateur. Comment en sortir ?

En temps de guerre et de lutte à mort pour le pouvoir ou la liberté, une fraternité de fait s’instaure : c’est la fraternité d’armes. Sentiment d’autant plus fort qu’il repose sur une intense reconnaissance de soi et des proches, chacun également confronté à la pire violence. Cette fraternité n’a rien d’universel, elle exclut l’ennemi, ne voulant que le tuer.

D’autre part, la guerre provoque un renversement dans l’expression de la liberté et de l’égalité. Aucun statut social n’accorde moins de liberté et d’égalité que celui de soldat. Hormis l’esclavage. Mais le soldat le plus asservi, dominé et contraint à se sacrifier par la hiérarchie militaire, a en contrepartie une effarante liberté : celle de tuer quiconque ne porte pas le même uniforme et qui est, malgré cela, un semblable. Tuer son semblable n’est pourtant pas la meilleure façon d’exprimer la fraternité dans ce qu’elle doit avoir d’universel.

La fraternité des armes est donc fraternité sous uniforme. Uniforme dit bien ce qu’il veut dire : il exclut toute diversité, sauf hiérarchique. On peut maintenant comprendre par quelle pente naturelle l’esprit révolutionnaire fut mené jusqu’au césarisme napoléonien voulant imposer dans toute l’Europe l’empire de la « Nation en armes ». Contrainte à faire la guerre tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, la volonté révolutionnaire ne pouvait uniformément que choisir le pouvoir militaire pour établir et maintenir les valeurs qui la fondaient. Oubliant toute civilité, elle se plia devant le meilleur chef militaire qu’elle put se trouver. Plus question de liberté, sinon étroitement surveillée par la police ; plus question d’Égalité, sinon théorique (et encore : il y eut le rétablissement de l’esclavage dans les colonies) ; ni de Fraternité, sauf celle des armes. Quant aux loges, on sait bien qui fut alors le Grand Maître du Grand Orient…


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