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Commentaire de Sylvain Rakotoarison

sur La honteuse coopération judiciaire avec la Chine


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Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 21 mars 2007 17:17

Pour recentrer le débat, je voudrais faire plusieurs remarques concernant mon article :

1. Il ne s’agit de donner des leçons à personne. Chaque pays est ce qu’il est et la Chine a autant de respectabilité que la France, voire même plus quand on regarde son histoire.

2. Il ne s’agit pas non plus d’être honteux d’être français. Il s’agit de considérer que ce traité est honteux, et que peu de publicité a été faite pendant sa signature hier. J’ai noté que France Culture en avait également parlé.

3. Il ne s’agit pas non plus de considérer que la justice française est un modèle pour le monde, ni les conditions carcérales.

4. Il ne s’agit pas non plus de faire le procès de l’action de Pascal Clément autrement que pour ce traité, et bien qu’ayant refusé l’abolition de la peine de mort en 1981, c’est bien lui qui l’a intégrée dans la Constitution en février 2007.

Il s’agit de rappeler que la Chine n’est pas un pays démocratique, que la vie d’un être humain n’a pas beaucoup de valeur et que la répression politique est très forte.

Chose qu’a sans doute oubliée Ségolène Royal, en manquant de tact et d’intelligence politique avec ses modèles douteux.

Comme le rappellent certains commentateurs de cet article :

1. La justice chinoise est expéditive et n’a rien à voir avec la justice française.

2. Ce traité semble faire croire, de la part du gouvernement français, qu’il serait capable de transformer la justice chinoise, ce qui est, à mon avis, une erreur.

3. Les Français ayant commis une infraction en Chine, qu’ils soient encore présents sur le sol chinois ou qu’ils soient rentrés en France, ne sont absolument pas protégés par ce traité, au contraire, la justice chinoise pourra les rechercher même en France.

4. Surtout, c’est le plus important, n’importe quel opposant politique chinois pourra être poursuivi sur le sol français pour un motif économique quelconque (alibi) de type vol, ce qui rendra applicable l’extradition. Aucune des trois réserves, que j’ai expliquées dans mon article, ne sera incontournable pour le gouvernement chinois.

5. J’ai posé aussi un principe politique : celui de ne pas coopérer avec la justice chinoise tant que celle-ci ne s’applique pas avec NOS valeurs, à savoir les valeurs qui fondent notre pays et plus généralement l’Europe. Cela ne signifie pas vouloir imposer nos valeurs aux autres, mais de ne pas transiger avec celles-ci. C’est en ce sens que ce traité, qui ouvre la brèche, est une horreur.

Je pense d’abord aux exilés du régime chinois qui se croyaient à l’abri en France, terre des libertés (la liberté n’est pas d’un registre culturel mais est universelle, sinon, pourquoi y aurait-il des résistants au régime chinois ? seraient-ils pervertis par l’Occident et à rééduquer ?).

6. La chance de pouvoir débattre ici de ce traité n’est que du côté français. Les Chinois n’ont malheureusement pas cette chance, d’autant plus que Google et Yahoo ont accepté une certaine « filtration ».

7. Notez enfin que j’ai refusé d’employer le mot « collaboration avec la justice chinoise » pour ne pas faire d’amalgame douteux, même si l’envie était là.

Ce traité, bien que signé, reste cependant hypothétique, puisque pour être mise en application, il nécessite sa ratification par la prochaine Assemblée Nationale, celle élue en juin 2007 après l’investiture du nouveau Président de la République.

C’est pour cela que l’avis des candidats à l’élection présidentielle est essentiel pour l’avenir d’un tel traité.


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