• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de L. Guicharnaud

sur La prescription des crimes sexuels commis sur les enfants


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

L. Guicharnaud (---.---.152.52) 2 juin 2006 16:35

Juriste ET victime d’inceste... Je cumule les tares. Peut-être est-ce pour cela que je dois être stupide et dangereuse à en lire certains. J’ai donc posé les faits et signerai pour ma part sans pseudo. J’assume. Quelle société ? Le débat est ouvert. Ni traditionnaliste ni libertine. Il y a bien d’autres choix et faire oeuvre d’imagination est simplement progressiste. Tout doit sans cesse se construire, se recréer. Une société qui protègerait coûte que coûte et vaille que vaille ses enfants, est-ce si dangereux ? Affirmer dans les lois d’un pays la protection de l’enfance ne poserait problème qu’à la Sainte Famille, coupable dans la plupart des cas et à de nombreux pédophiles qui traquent leurs victimes dans leur entourage immédiat. Mais l’on attaque ici les fondements mêmes de la société française qui vénéra fort longtemps le pater familias. A croire que nos cousins québecquois marchent sur la tête ! Les problèmes de preuve si savamment et complaisamment évoqués ne tiennent pas la route à mon sens. La preuve demeure problématique 5 ans, 10 ans, 20 ans après les faits. Ajouter donc quelques mois ne pose pas davantage problème. Il me semble que le nerf de la guerre est financier tout bonnement,tout bêtement. Cependant personne n’ose l’écrire. Il ne serait pas de bon ton que d’opposer au principe de l’imprescriptibilité l’encombrement des tribunaux.

Je répondrai brièvement à gem et à ses considérations psychologiques sur la rumination à vie de la victime. La fermeture d’une procédure judiciaire n’entraîne pas l’oubli, hélas ! Il serait bien de se documenter avant d’écrire.

Je finirai sur quelques arguments de miaou. * Le code pénal opte pour une classification en crimes, délits et contraventions. Les crimes incluent de nombreux actes. Parmi eux les crimes de sang (suppression d’une vie) ne sont pas les plus sanctionnés. Le code pénal n’adopte pas le système de valeurs de chaque individu et je pourrais pour ma part considérer qu’avoir été violée de 5 ans à 17 ans est aussi grave que la mort. * les dénonciations calomnieuses n’ont rien à voir avec le problème débattu ici. Je peux accuser mon voisin de tous les délits de la terre ! * Les fausses allégations font recette alors même que ce problème n’a été soulevé qu’aux Etats-Unis (nous parlons de la loi française) et concernent de pseudo thérapeutes évoluant dans des mouvances sectaires. * j’apprécie beaucoup l’argument final : si la prescritpion a été créée c’est qu’il y avait de bonnes raisons. La peine de mort existait il y a peu. Nous aurions dû donc la conserver au lieu d’évoluer.

Pour clore mon propos, je terminerai sur la particularité de l’inceste qui produit chez bon nombre de victimes une véritable amnésie. Une recherche sur internet permettra à certains de comprendre la spécificité de ce crime. Il s’agit de modifier la loi de façon à permettre aux victimes de porter plainte au moment où elles se souviennent. De façon idiote, celles-ci ne retrouvent parfois pas la mémoire avant la fin du délai légal.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès