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Commentaire de Guil

sur La prescription des crimes sexuels commis sur les enfants


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Guil (---.---.28.239) 3 juin 2006 15:09

PS : pour ma part je ne pense pas que le sexe soit sacralisé, mais au contraire banalisé...

Banalisé n’est pas le contraire de sacralisé ! C’est plus tordu que ça : ce qui a été banalisé est une forme completement stéréotypé de sexe, formatté pour le commerce et la publicité et ôtée de toute implication de soi. Non seulement elle ne correspond pas à la réalité - il n’y a qu’à entendre ces jeunes désapointés par leurs premières relations sexuelles parceque ça ne ressemble en rien à ce qu’ils ont vu le samedi d’avant sur canal+ - mais en plus elle est avilissante tant pour la femme réduite à un objet sexuel, que pour l’homme réduit à un monstre dominateur. Le véritable sexe, c’est à dire l’implication de sa personne dans une relation, n’en est que plus occulté, caché sous le tapis, rendu encore plus intouchable - et donc, là encore, sacralisé.

Désacraliser n’est pas banaliser, pas plus que ce n’est détruire un interdit moral. C’est se permettre d’exprimer l’interdit avec des mots, de l’expliquer, de le rationaliser, de lui donner un sens, toute chose qu’on ne peut pas faire avec un phénomène sacré ou divin. Le sacré supprime toute réflexion et n’autorise que l’émotion, il instaure des tabous et des non-dits, il tue la parole et le dialogue - ce qui, aux extrèmes, entraine traumatismes et injustices. C’est ça qu’il faut briser.

Je ne nie pas le traumatisme qu’entraine un abus sexuel, j’essaie simplement de voir au delà. Je suis persuadé que rendre encore plus spécifique le crime sexuel ne fera que l’augmenter : augmenter encore le traumatisme qu’il cause, augmenter encore la fascination morbide des criminels pour ce crime. La simple recherche d’un plaisir sexuel n’explique pas à elle seule le geste du violeur - sinon il se contenterait de se masturber : c’est dans la transgression du tabou, la recherche d’une domination et la fascination pour la profanation de l’innocence qu’il faut chercher les motivations du crime. C’est à dire justement tout ce que permet le sacré...

L’une de vous a posé la question « est-ce trop demander que de réclamer justice même 40 ans après ? » Si cette justice particulière se fait au détriment de la justice en générale et de ses principes fondateurs, si en plus elle doit entrainer une agravation de ce qui cause le crime sexuel - et je pense que c’est le cas, pour tout ce que j’ai dit plus haut - alors oui, c’est trop demander.


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