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Commentaire de Laurence Guicharnaud

sur La prescription des crimes sexuels commis sur les enfants


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Laurence Guicharnaud (---.---.152.52) 3 juin 2006 22:29

Pfff... Ce débat part en quenouille ou en eau de boudin.

Inconnu,

Permettez moi de vous dire que vos propos nuisent aux victimes au lieu de les servir. Ceux-ci vous appartiennent et ne font rien avancer.Les opinions ne se discutent pas. Chacun campe sur ses a priori et tout stagne. Votre agressivité n’est pas tournée vers les bonnes personnes. Mieux vaut haïr les responsables des violences subies que des personnes qui ont le droit de ne pas être d’accord. A nous d’expliquer ce qui nous motive dans le calme et le respect mutuel.

Guil,

Je voudrais répondre à votre exposé . Juste une mise au point avant de vous remercier d’avoir pris le temps de débattre, car nous commençons à débattre vraiment et sortons de monologues successifs.

Vous dites : « (...)je reste sur le plan des idées et que je ne vous parle pas de mon propre passé - même si ça vous parait abrupt et éprouvant pour vos nerfs. » Ce qui me paraissait éprouvant pour mes nerfs était l’absence totale de prise en compte de la parole de l’autre. Pas la contradiction. Je n’aime pas que l’on manipule mes propos.

Ceci étant, je vous remercie donc de vos réponses à mes questions.Toutefois je ne suis pas convaincue par elles et demeure dans l’expectative.

A mon interrogation concernant quel principe fondateur est remis en cause par notre demande d’imprescriptibilité, vous ne répondez pas quoi que vous en disiez. Vous réitérez simplement votre affirmation. Accepteriez-vous donc de me dire quel ou quels principe(s) fondateur(s) précisément serai(en)t atteint(s) ? J’avoue chercher sans trouver.Si je suis votre argumentation, il s’agirait d’un principe nouveau que vous avez créé vous- même, à savoir l’égalité de traitement de tous les crimes ! Cela révolutionnerait quelque peu le paysage pénal. Chaque crime (je parle de tous les crimes sans distinguo et au sens juridique c’est-à-dire incendies volontaires, élaboration de fausse-monnaie, etc.) serait alors puni des mêmes peines ... Est-ce bien de cela dont vous parlez ?

Pour finir sur votre premier paragraphe, je réagis à certaines de vos phrases qui amalgament des choses diverses et nous font un procès d’intention. Ce procédé n’est pas très honnête. Avez-vous lu dans la pétition que nous demandions à revoir les peines, à proposer une révision du principe de la non-rétroactivité de la loi dans le temps ? Avez-vous lu que nous demandions des mesures particulières à l’encontre de nos abuseurs ??? Je ne crois pas que notre pétition soit une auberge espagnole caractérisée par une absence de réflexion. Donc je vais me répéter en espérant me faire entendre : nous demandons SEULEMENT ET UNIQUEMENT l’imprescriptibilité en raison du fait qu’un nombre conséquent de victimes n’est pas en mesure de déposer plainte dans le délai légal ; en raison du fait que des grands-pères peuvent continuer ainsi leurs agissements criminels en toute impunité sur leurs petits-enfants. C’EST TOUT. Accepteriez-vous de nous respecter en ne glânant pas des idées à droite et à gauche et en nous les attribuant. Il serait bon de s’en tenir au sujet : imprescriptibilité ou pas.

Concernant votre second paragraphe relatif au traumatisme supplémentaire qu’induirait l’imprescriptibilité selon vous, je ne suis pas non plus convaincue. Je récuse votre expression de victime absolue qui ne signifie rien. Ou on est victime de tel agissement ou on ne l’est pas. Il n’y a rien d’absolu ici. Vous citez le crime contre l’humanité avec une lecture a priori (référence au génocide de 39-45 entre autres). Si ces termes sont utilisés, c’est en réference à la destruction psychique gravissime et guère mesurée encore aujourd’hui. L’inceste est une attaque profonde de l’humanité dans l’enfant. MD Lecluse cite fort judicieusement les sources qui ont servi à l’élaboration du texte. Nous ne lisons pas avec le même filtre et ne mettons pas le même sens dans les termes utilisés.

Je finirais sur ce paragraphe par une note pessimiste ne vous en déplaise. Ce n’est pas parce qu’il y aura imprescriptibilité que la victime aura des difficultés pour s’en remettre. On ne se remet jamais d’une situation d’inceste et si pour les autres sa vie peut sembler normale la victime ne peut vivre comme tout autre. Je souhaite qu’un jour les chiffres soient véritablement communiqués en terme de coût social:les incapacités de travailler, les dépressions, les maniaco-dépressions, les tentatives de suicide et autres sont anormalement élevées parmi la population ayant vécu enfant un abus sexuel.Je serais heureuse de savoir que la possibilité de se reconstruire dépend d’un délai légal. Si j’adopte votre argument et que je le pousse à l’absurde, il suffit de réduire le délai d’action à 5 ans. Ainsi la victime saura que ce qu’elle a vécu n’était pas grave et ira, guillerette, vers l’avenir.


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