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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Quand l'Etat fait le choix du chômage pour la France


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 22 mars 2007 17:06

Le problème avec ce genre d’argumentaire , c’est qu’il n’analyse la situation que du point de vue d’une vision pseudo-libérale qui ne tient aucun compte des rapports de forces et qui laisse croire que la société se réduit à des relations entre individus égaux en droit et en puissance ou pouvoir. Ce qui est faux

2 exemples :

1) Le fait de travailler au delà des 35 H est possible et à des conditions de plus en plus conformes aux vues des chefs d’entreprise (loi Fillon), mais vous oubliez de dire que ce ne sont pas les employés qui décident de faire des heures supplémentaires et que ce ne sont pas les employés qui décident de leur productivité (le nombre d’heures travaillées ne veut rien dire si on oublie la productivité et la qualité du travail) mais la direction des entreprises

2) Vous oubliez de dire que les relations humaines au sein des entreprises connaissent une crise sans précédent car la distance hiérarchique considérable dans notre pays entre les décideurs et les salariés et surtout l’absence de responsables ayant un pouvoir lisible hormis le pouvoir financier anonyme et irresponsable des effets de ses exigences de rentabilité aux dépens des salariés. Même les PME sont le plus souvent des sous-traitantes soumis aux décisions du capital financier via les entreprises donneuses d’ordre.

Dans ces conditions de déséquilibre croissant de pouvoir, la confiance est détruite. Le symbolique à cet égard est essentiel : quand les salariés constatent que les soi-disant responsables se prémunissent contre la précarité qu’ils imposent aux salariés par le jeu de revenus astronomiques qui, de plus dépendent en partie de leur décision de réduire le coût de la force de travail en licenciant à tour de bras, la méfiance s’accroît nécessairement et la révolte plus ou moins latente contre un système qui apparaît, à juste titre comme inhumain (les ressources humaines n’étant qu’une variable d’ajustement pour maximiser le retour sur investissement) fait que le travail est de moins en moins considéré comme une valeur auto-réalisatrice et de plus de plus comme un lieu de mépris insupportable. Autant alors consacrer son temps à des loisirs plus valorisants et demander du temps libre pour échapper à la contrainte de cette instrumentalisation méprisante et méprisable.

Votre position est non pas économique mais économiste, car elle fait l’impasse sur ce qui est essentiel dans une société, à savoir, non les rapports aux choses mais les relations entre les hommes. Il n’ y a pas de société libérale possible lorsque celles-ci sont grevées par ce qui apparaît comme une aliénation et une chosification des individus en machines à faire du fric..

Vous êtes soit d’une grande naïveté soit d’une grande rouerie (au choix) lorsque vous prétendez vous étonner de la dépression dépréciative que vous diagnostiquez dans notre pays.

Ce que je reproche le plus à votre analyse, c’est votre vision de l’économie qui réduit les relations sociales à des relations purement économistes en oubliant que toute relation humaine, même et surtout économique, est avant tout une relation de pouvoir, à savoir une relation politique. L’économie devient idéologie économiste mensongère et aveugle (ou mieux, aveuglante) lorsqu’elle oublie qu’elle est d’abord économie sociale et politique.

Mais cet oubli de la politique est lui-même politique.

PS : Parler des taxes sans dire à quoi elles servent politiquement dans la société et à qui est vide de sens (au sens propre et figuré), là encore vous oubliez politiquement le politique..


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