José,
Moi j’habite en banlieue, dans le 9.3., et contrairement à toi, je pense que Ségolène Royal a eu raison de faire son putsch idéologique (le sobriquet de Ségolepen dont tu l’affubles est par ailleurs révoltant). Elle a mis le doigt sur quelque chose de tabou chez les socialistes qui pratiquent la politique de l’autruche depuis trop longtemps.
Ta vision des choses est angélique (comme la plupart des socialistes), à se demander si tu ne cherches pas à enjoliver les choses. Même si la ville où j’habite est loin de ressembler au Bronx, même si moi-même je n’y ai jamais subi d’agressions, j’ai senti en dix ans de temps l’atmosphère changer. Pendant longtemps, j’ai voulu me voiler la face aussi, mais les témoignages dont j’ai eu écho autour de moi le confirment : les agressions sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes dans le centre depuis quelques années, en particulier envers les femmes, et on a souvent l’impression que ces actes de délinquance sont commis en toute impunité. Ce n’est que récemment que la municipalité a décidé de mettre en place une police municipale pour pallier aux réductions scandaleuses des effectifs de police du commissariat qui ont eu lieu depuis l’arrivée de Sarkozy au ministère de l’Intérieur. Je suis d’accord avec le fait que l’emploi normalisera la situation et résorbera la criminalité, mais l’heure est à l’urgence, la situation risque de devenir intenable si une prise de conscience ne se fait pas rapidement chez les partis de gauche qui perdront encore une fois l’élection. Tout ce qu’on demande à l’Etat, c’est de faire appliquer l’ordre républicain partout et sans distinction, je veux pouvoir être sûr que mes ami-es et connaissances et moi-même pouvons nous promener dans le centre à n’importe quelle heure de la journée sans souffrir de ce sentiment d’insécurité. La politique des banlieues est négligée depuis trop longtemps pour se payer le luxe de tergiverser plus longtemps. Merci à Ségolène la pragmatique, merci à Stéphane de l’avoir souligné.