Article intéressant - mais qui omet de voir dans la sacro-sainte (!) laïcité une ambiguïté intrinsèque de la double acception de ce terme.
Ce terme peut en effet - selon les locuteurs - désigner la tolérance envers toutes les religions (ce qui peut aboutir au communautarisme tant décrié) comme son contraire : l’interdiction de tout fait religieux (hors de l’intime conviction) comme essayait (en vain) de l’instaurer le stalinisme d’antan (ou les début révolutionnaire anti-religieux de 1789 avec son calendrier révolutionnaire).
La laïcité « à la française » essaie quant à elle de ménager la chèvre et le chou, prenant dans sa mise en œuvre certains principes liés à la première acception (tolérance et liberté de culte et de pratique) et choisissant l’autre (interdiction d’expression religieuse) quand ça l’arrange.
De ce fait, cette laïcité est battue en brèche du fait même de cette fragilité liée à son incohérence interne.
Le projet de TCE avait au moins l’avantage d’une cohérence plus importante - même si on peut ne pas apprécier voire refuser cette conception de la laïcité.
Quant à la référence historique au passé judéo-chrétien de l’Europe, son refus par la France fut grotesque. D’une part il ne s’agissait que de constater un fait historique qui a construit l’Europe actuelle. D’autre part cela ne préjugeait en rien de la laïcité (ou non) de l’Europe à construire. Ce caprice français ne fut d’une part que de la poudre aux yeux en usage interne (pour prétendre, devant les Français, avoir défendu la laïcité française alors même que le contenu du TCE la mettait à mal comme démontré dans l’article) et d’autre part une porte grande ouverte à la Turquie et aux pays du Maghreb (que Dominique Strauss-Kahn par exemple préconisait).
Il me semble donc très important de se mettre d’accord sur ce qu’on appelle « laïcité » avant de savoir si c’est bien ce que les peuples veulent. Car si une large majorité se revendique de « la laïcité », bien peu sont en fait d’accord sur la signification de ce terme.