@ RomG
Ouaf ! excellente réaction à cet article. Je souscris à 100 %
« N’oubliez pas que l’alliance pour le OUI était elle aussi très hétérogène, alliant des fanatiques du libéralisme, désireux de ne pas freiner la croissance économique de leur pré carré, à des socio-démocrates soucieux de faire avancer l’Europe sociale. Et l’on aurait pourtant évoqué la victoire du »peuple« français si le OUI l’avait emporté ».
Exact. On dirait que Sylvain Reboul n’arrive pas à se remettre du rejet du TCE par une majorité de nos concitoyens, ce qui biaise son analyse. Personnellement, ça me gênait que mon « oui » social-démocrate soit mêlé au « oui » ultracapitaliste... mais j’ai quand même voté « oui », estimant que le TCE était un compromis acceptable en attendant mieux.
« Par ailleurs, l’expérience de la mise en place de l’Europe et ses nombreuses conséquences directes est tout sauf rhétorique. Elle est par ailleurs vécu très différemment dans les différents pays d’Europe (voir le cas de l’Espagne par exemple), et cela en fait donc une »réalité d’expérience« propre au peuple français qui est donc en droit de s’exprimer sur sa forme ou son projet d’avenir ».
Exact. Le peuple existe bel et bien, dans le partage d’une langue, d’une socioculture et d’un territoire par une collectivité composée, en démocratie, d’individus-citoyens. Le peuple est à la fois une réalité transcendante (en ce sens, on peut effectivement, d’un point de vue anti-métaphysique, considérer le concept de « peuple » comme une illusion), et une association concrète, hétérogène et multiple, d’individus aux opinions et intérêts contradictoires. En ce sens, la notion de « peuple » est paradoxale... comme le réel. C’est ce qui fait les délices et vertiges de la démocratie.
N’oublions pas qu’il y a une autre définition du mot « peuple » : celle que Raffarin a caricaturée sous l’expression « France d’en bas », celle des gouvernés qui n’appartiennent pas à l’élite. Là encore, je me demande si Sylvain Reboul en voudrait tant à ce « peuple »-là d’avoir voté « non » au TCE qu’il souhaiterait voir sa disparition, ce qui me fait penser à la phrase : « Dieu est mort, signé Nietzsche. Nietzsche est mort, signé Dieu ».
Houba houba !