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Commentaire de Arnaud

sur Décrochage : la France face à son destin


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Arnaud (---.---.62.85) 29 mars 2007 15:31

Je ne suis pas sûr que la France aille si mal que ça, par comparaison avec les autres pays. En tout cas, ça ne va pas plus mal ici qu’ailleurs. La dette, le déficit budgétaire, le taux d’activité (c’est à dire nombre de personne en capacité de travailler en rapport au nombre d’heures travaillées, beaucoup plus fillable que les chiffres du chômage, qui dépendent beaucoup des méthodes de comptage), le taux d’imposition, tout ces chiffres sont comparables dans tout les pays industrialisés (sauf aux USA où le décrochage économique semble vraiment catastrophique, même si ses effets ne se sont pas encore manifestés). La France est dans la moyenne haute si l’on tient compte de tout ces paramètres.

Il se trouve que nous vivons dans un pays où les gens ont une mentalité assez solidaire et égalitariste (ce qui est un bien !), ce qui fait que nous sommes plus sensible que d’autres aux inégalité sociales qui augmentent ici comme partout... et que nous avons des méthodes de comptage du chômage et de la pauvreté plus surveillés par l’opinion publique... simplement, ailleurs, on s’en fout plus ou moins...

Vous n’allez pas me faire croire, par exemple, que l’économie des Etats-Unis va bien ? Avec sa productivité en chute libre, sa dette exponentielle et ses poches de pauvreté de plus en plus dramatiques !

Un de mes amis qui a passé plusieurs années à Manchester a une vision très différente de la sois-disante prospérité britannique que les jeunes diplômés qui vont bosser à Londres. Il me parlait littéralement d’une misère noire dont on a pas idée en France. Il est vrai que la presse et les politiques brittanique en parle peu, satisfait de leurs statistiques trompeuses sur le chômage, et les gens biens ne vont jamais dans ses « poches de pauvreté ». Bref, ça existe ailleurs en pire, mais ça ne fait pas la une des journaux comme en France. On pourraît multiplier les exemples.

Ce sentiment que tout va de plus en plus mal chez nous est à la fois justifié et trompeur : tout va plus mal partout ou presque, parce qu’on applique à marche forcée à l’échelle mondiale un modèle économique délirant (et très ancien) qui n’a jamais fonctionné nulle part. C’est tout.

Par exemple, attendre que les entrepreneurs créent des richesses pour les redistribuer ensuite est délirant ! Dans des économies dans lesquelles les méthodes de gestion dans l’industrie sont basée sur le « stock zéro » et dans lesquelle les services tiennet une place de plus en plus grande, les embauches dépendent du carnet de commande... On ne crée pas des stocks de services, et l’industrie limite ses stocks au maximum. Pas de commandes, pas d’embauches. Point.

Même chose pour l’investissement : investir rapporte moins que la spéculation dans des économies dans lesquelles l’extension de la précarité et de la pauvreté rend la consommation atone.

Il faut d’abord redistribuer les richesses (donc, s’endetter au départ) si on veut remplir le carnet de commande... Mais bon, c’était les politiques archaïques qui étaient menéee du temps du plein-emploi, alors que maintenant nous sommes modernes dans nos sociétés où le taux de chômage réel oscille entre 10 et 20%.

Et le pire est peut-être devant nous. La crise mondiale qui se profile aura des conséquences dramatiques si l’on continue avec le modèle libérale orthodoxe, des conséquences limitées et salutaires si l’on s’en démarque.


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