Qu’il est facile d’éluder la question de la violence, de s’attacher à la superficialité extérieure mais de refuser de regarder profondément, en soi, l’origine de la violence. Jean-Paul Sartre remarquait : « L’enfer, c’est les autres ». Ici même, la violence c’est les autres. Nous nous positionnons en victime, nous, en tant que pensée, meurtrie, dépendante, orgueilleuse et auto-centrée. Tout cela est violence aussi. Il n’y a pas de victime sans bourreau, ni de bourreau sans victime. La pensée aime se complaire dans ces jeux de rôle où la respectabilité prend une place importante. Y a-t-il quelque chose réellement que nous puissions appeler « respectabilité » ? Qui est « respectable » ? L’homme ou la femme carriériste qui a réussi à se positionner dans la société, qui possède une maison, une voiture, une famille, des biens, des richesses ? Un emploi qui nous satisfasse et dans lequel nous nous sentons utile ? Peut-être faisons-nous quelque bénévolat pour aider les personnes en difficulté ? Et nous avons bonne conscience, nous sommes sans doute du bon côté, celle des personnes qui comptent et sur lesquels les amis peuvent compter, la famille... Au fonds, nous ne voulons pas changer, nous ne voulons pas découvrir réellement ce qu’il en est de cette condition humaine, non pas en tant qu’élément séparé de nous-même, non pas en tant que théorie, ou en tant quedivertissement intellectuel ou émotionnel, mais en tant que fait : le fait de la violence dans le monde, ma violence, votre violence, notre violence - en chacun de nous. Il y a une grande peur à s’affranchir des autorités et de se regarder pour la première fois, sans filtre, tel que nous sommes, car en se regardant nous regardons le monde, la société, telle que nous l’avons crééé et telle que nous la perpétuons. Découvrir si l’on peut mettre fin à la violence en soi et dans le monde est une question hautement importante que toute personne sérieuse doit s’être posé au moins une fois dans sa vie, et en la posant, avoir trouvé l’énergie de comprendre tout ce processus de la violence et d’y mettre fin, non pas graduellement, mais par l’acte même de compréhension né de l’observation du problème. Car tout problème contient sa propre solution et ainsi en est de tout problème humain.