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Commentaire de

sur « Remettre les Français au travail » : paresse de l'esprit, ivresse de la matraque (1/2)


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(---.---.107.65) 30 mars 2007 16:46

Tout à fait d’accord avec ce commentaire (Hub).

Et avec l’auteur qui écrit :

« Ainsi, ce n’est pas l’effort qui est fui, c’est l’aliénation. Ce n’est pas l’oisiveté qui est recherchée, c’est le sens. Et ce sens peut être trouvé dans le travail, mais aussi dans les autres temps de la vie : familial, social, sportif, politique, culturel, artistique, spirituel... »

Ainsi, il serait intéressant de noter que cette aliénation par le travail est en bonne partie une conséquence de l’aliénation par la consommation, celle-ci étant systématiquement encouragée à grands renforts de publicités partout. Le sentiment de malheur, de manque, des Français provient essentiellement du décalage entre ce que le monde de la publicité essaye de faire croire qu’il est nécessaire de consommer pour être normal et ce qu’ils sont capables de s’offrir.

L’insatisfaction provient donc du décalage entre le devoir d’achat (perçu) et le pouvoir d’achat (réel). La politique, dont le but devrait être de rendre les gens plus heureux, devrait donc avoir pour tâche de réduire ce décalage.

Pour des raisons dogmatiques (culte de la croissance), le discours dominant consiste à prôner une augmentation du pouvoir d’achat plutôt qu’une diminution du devoir d’achat perçu. Et c’est en dépit du bon sens, non seulement en raison de la finitude de la planète et des dégats considérables et parfois irréversibles engendrés par ce comportement, mais aussi (surtout ?) parce que dans une société de consommation, la publicité ajuste automatiquement le devoir d’achat pour qu’il se situe au-delà du pouvoir d’achat moyen. Vouloir résoudre le problème de cette façon, c’est-à-dire sans une remise en cause à la base du système, est donc sans fin, et de ce fait inutile (pour l’intérêt collectif, non pour quelques intérêts personnels).

Le moteur de la société de consommation est l’état d’insatisfaction permanente, créé artificiellement et entretenu. Et dès lors, la thématique du pouvoir d’achat (ou de la vie chère) n’a pas de sens. Elle n’a pas de sens, mais elle rapporte, électoralement. Car qui dira qu’il est satisfait de son pouvoir d’achat ? (« Ah non, là c’est bon, je ne souhaite pas avoir un pouvoir d’achat plus grand, gardez-le pour vous, merci bien... ».) Et bien personne. Alors même que, objectivement et mis à part les cas de précarité extrême, la France vit dans un excellent confort matériel si l’on compare avec la France d’il y a quelques décennies ou avec les pays ne faisant pas partie du Nord économique. C’est tellement symptomatique qu’un des plus sérieux prétendants à l’Elysée, dans un excès incontrôlable de consensualité et de populisme, a pris l’énorme risque de se présenter comme le candidat du pouvoir d’achat.

La quête de sens dont parle l’auteur ne peut aboutir qu’en prenant conscience de cela. Ce qui conduit à la notion de sobriété heureuse. Critique du travail et objection de croissance vont de pair.

Il y a tout un paragraphe à écrire aussi au sujet de l’aliénation par la télévision, vecteur principal du modèle de la société de consommation. Le métro-boulot-télé-dodo fonctionne en cercle vicieux : susciter la fatigue pour créer un terrain propice à l’abrutissement de l’esprit et tuer ainsi dans l’oeuf la réflexion qui permettrait de prendre du recul et refuser ce cercle avant de trouver comment en sortir.


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