Le Canard Enchaîné, dans son édition du 28 mars 2007, consacre un excellent dossier d’une pleine page aux sondages et, plus précisément aux bricolages des instituts de sondages sur les résultats bruts.
Je vous invite à l’acheter et à le lire en entier. En attendant, voici quelques courts extraits fort édifiants :
“Aussi nos experts font-ils subir à ces données brutes une transformation alchimique, nommée « redressement ». De 5% ou 7%, Le Pen est engraissé à 11, 12 voire 14%. Bayrou, lui, passe au sauna. Royal et Sarko aussi, mais plus légèrement. Du coup, Ségolène garde une légère avance sur François.”
“A l’arrivée, les redressements comportent une forte dose de pifométrie.”
“Si les bricolages de sondeurs varient d’un institut à l’autre, tous, en revanche, s’accordent sur un point : pas question de livrer au public leurs recettes statistiques.”
Comme vous voyez, les occasions de manipuler les chiffres ne manquent pas, et les vérifications par des tiers sont impossibles puisque l’alchimie du « redressement » reste secrête. On peut également se demander pourquoi les chiffres de Bayrou sont davantage corrigés à la baisse que ceux de Royal ou Sarkozy.
Quant aux instituts de sondages, peuvent-ils être considérés comme neutres ? Le Canard Enchaîné note que deux d’entre eux, Sofres et BVA appartiennent en partie à des fonds d’investissement, que CSA est “contrôlé par le sarkozyste Bolloré” et que Ifop est “la propriété de Laurence Parisot, présidente du Medef. Qui est en pince pour Sarkozy.”
En sachant tout cela, il faudrait être bien naïf pour encore croire aux sondages de ces instituts. D’où l’intérêt, à mon avis, de sites comme www.votez2007.com qui malgré leurs limitations présentent au moins l’énorme avantage de nous livrer des résultats bruts, non bricolés.