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Commentaire de Oudeis

sur Charlie Hebdo, les « caricatures » et la liberté d'expression


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Oudeis (---.---.154.73) 31 mars 2007 00:58

L’article part d’une remarque pertinente mais - à mon sens - dérive dans ses conclusions par un syllogisme habile.

En effet, l’auteur fait très justement remarquer d’une part que la liberté d’expression n’est pas la liberté de dire tout (et n’importe quoi) et d’autre part à différencier défense d’une opinion (dont l’énoncé est rendue possible grâce à la liberté d’opinion) et défense de la liberté d’opinion.

Et il affirme en toute logique que « ce qui caractérise la liberté d’expression, c’est le fait de défendre la liberté d’expression des autres ».

Pourtant, après cette fine analyse théorique de la définition de la défense de la liberté d’expression, l’auteur se fourvoie - à mon humble avis - dans l’analyse des faits concrets.

Ainsi, il explique que « Il y a un an, Charlie Hebdo, d’autres journaux, et une multitude de blogs ont affirmé que ce qu’on a appelé »les caricatures de Mahomet« n’étaient pas choquantes. Par conséquent ils ont publiés ces dessins »par solidarité« , »dans le but de défendre la liberté d’expression« . »

Or, bien au contraire, Charlie Hebdo et ceux qui ont repris ces caricatures reconnaissaient que ce dessins étaient choquants. Et c’est même justement pour cela qu’ils les ont repris au nom de la défense de la liberté d’expression. Ils ne les ont pas repris pour exprimer leur adhésion aux idées véhiculées par ces caricatures - mais pour revendiquer le droit de choquer (et non d’insulter) - c’est à dire d’énoncer des propos, défendre des idées ou publier des dessins en total contradiction avec les idées ou les croyances de certaines personnes, fussent-elles majoritaires. Et en particulier, dans ce cas, de choquer des convictions religieuses - en matière de conviction religieuse, l’idée choquante porte le nom de blasphème.

Cette défense de ceux qui - à l’origine - ont publié ces dessins choquants (i.e. qui choquaient certaines personnes) s’est exprimée de la part de Charlie Hebdo (et d’autres) sous la forme d’une solidarité - au sens premier du terme. Il ne s’agissait pas de simple soutien, mais d’une décision de partage solidaire du sort réservé à ceux qui exprimaient une idée choquante - sans présumer par ailleurs de l’adhésion ou non à cette idée choquante.

C’est donc bien en cela que Charlie Hebdo (et les autres) ont bien défendu la liberté d’expression - et non en défenseur de leurs idées propres. Il n’a pas cherché à affirmer que les représentations de Mahomet correspondaient à sa vision de cet homme ou de l’Islam. Mais il a défendu le fait que ceux qui ont une telle vision puissent l’exprimer. Il a bien défendu « la liberté d’expression des autres » en se solidarisant avec ces autres.


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