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Commentaire de Arnaud Villanova

sur Attention ! à la télédivision de notre... attention !


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Arnaud Villanova 2 avril 2007 14:33

Raskolnikov,

merci d’avoir pris la peine d’exprimer autant d’idées dans votre commentaire. Je vais, à mon tour, tenter de réagir à certaines formules clés que vous employez.

Le « Dieu travail » monopolise grandement le débat public par ses modalités, pourtant ses fondements demeurent peu discutés. Voilà typiquement un sujet qui souffre de la diversion de notre attention. En effet, avec tous les progrès techniques réalisés pour la satisfaction de nos besoins primaires, nous devrions nous demander plus souvent « pourquoi travaillons-nous ? », « pourquoi est-ce si terrible d’être privé temporairement d’un emploi dans une société si riche ? ». Bien loin de prôner l’oisiveté, il s’agirait d’analyser si le travail occidental n’enrichit pas surtout quelques familles (+155 milliardaires en $ en 2006) et notre atmosphère en gaz à effet de serre. Avons-nous réellement besoin de tant de nouveaux produits ? Si, en plus d’être inutiles, ceux-ci ont des conséquences globales néfastes, quelles conclusions devrions-nous en tirer ? Une philosophie différente du travail et une autre répartition de ses dividendes sont-elles absolument hors-de-propos ?

Mêmes questions pour la croissance économique s’appuyant sur des ressources finies : userons-nous de réflexions et de sagesse ou attendrons-nous d’être dans l’urgence des catastrophes ?

Quant au système dans lequel nous vivons, vous le qualifiez de « vicieux » et j’y vois au moins deux niveaux.

Politiquement, la démocratie doit permettre au peuple de se diriger lui-même. Toutefois, le décalage entre l’opinion populaire et celle de ses représentants laisse perplexe, comme lors du référendum de 2005. Si l’on répond que la majorité n’a pas la visibilité et la compréhension des élites -ce qui a été dit-, alors c’est qu’on pense à autre chose qu’à la démocratie...

Economiquement ensuite, le capitalisme s’accommode plutôt bien de ses rebelles. Comme Heath et Potter le montrent dans leur livre « Révolte consommée », le révolutionnaire est d’abord transformé en « cool », puis en générateur de nouveaux marchés, avant que ceux-ci ne deviennent des marchés de masse. Ainsi, les « Nike » de la rue noire américaine, le « Lacoste » de chez nous, les « vans » et « coccinelles » des hippies des années 60... Voilà d’autres exemples de « publicités vivantes » que vous mentionnez. Le capitalisme digère très bien la contestation : il en fait une distinction qui, avec un bon marketing, devient source de convoitise, de concurrence et de profit : toute l’essence de notre système.

Un dernier exemple vu ici-même sur AgoraVox : les commentaires anti-4X4 allaient bon train à la suite d’un article traitant de ces véhicules, et tout cela alors que de la réclame de 4X4 s’étalait à droite de l’écran. Le capitalisme a une aptitude à la récupération et à l’adaptation parfois cynique mais performante.


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