"La science n’est qu’une méthode qui propose l’observation comme arbitre ultime. Si un scientifique ne l’applique pas à un moment donné, il ne fait pas de la science.
L’obscurantisme peut être vu comme un déni de la science, donc un rejet de l’observation en tant qu’arbitre ultime. "
Sur le principe, OK. Dns les faits ; c’est bien plus compliqué. Car l’observation seule ne vaut rien et doit être interprétée dans le cadre d’une théorie.
Si un fait expérimental qui ne correspond pas à la théorie généralement vue, différentes explications sont possibles :
* erreurs expérimentales
* le calcul théorique doit prendre en compte de meilleures approximations
* des phénomènes, bien connus mais dont l’influence a été mal évaluée, ne doivent plus être négligés et doivent être pris en compte
* un phénomène vraiment nouveau.
Donc, face à des résultats surprenants, il n’est pas étonnant que la dernière possibilité ne soit pas forcément privilégiée.On mettra forcément du temps à changer de paradigme (c’est dans la nature humaine, d’autant plus que le nouveau système n’a pas forcément apporter d’emblée toutes les réponses) et cela n’est absolument pas une caractéristique spécifique au religieux. Un exemple qui me vient à l’instant est le refus de la notion d’atome (pour des raisons n’ayant cette fois ci rien à voir avec le religieux) par un grand mandarin de la chimie du XIX ème siècle, Marcellin Barhelot, anticlérical. Il usa notamment de sa position pour ralentir les carrières de ceux qui utlisaient le formalisme atomique dans leurs travaux,..
« Le fait que des non-religieux puissent faire de l’obscurantisme ne retire rien au fait que les religieux en font, du moins chaque fois que l’observation semble contredire leurs croyances. »
Mon propos n’attaquait pas le non-religieux, mais plus précisément l’athéisme (l’agnosticisme, qui est l’attitude scientifique par excellence, semble à l’abri de telles dérives) ; tout ce que vous écrivez sur le religieux peut se plaquer tel quel sur l’athéisme militant
Par rapport aux religieux, l’histoire semble d’ailleurs vous donner tort : si on prend l’exemple de l’abbé Lemaître, co-inventeur, avec Friedmann, du Big Bang (notion popularisée par Fred Hoyle, contradicteur le théorie), on sait qu’il sut résister au pape de l’époque, qui voulait identifier le « Fiat Lux » de la Genèse avec le Big Bang, et qu’il le convainquit à davantage de modération. Je ne suis donc pas d’accord sur vos généralités sur le religieux ; et surtout, je ne vois donc pas où se trouve la spécificité du religieux par rapport à l’athéisme.
Au contraire, l’approche religieuse a souvent été un moteur pour la recherche scientifique. En témoigne le nombre impressionnants de religieux qui furent de grands scientifiques. Plusieurs explications qui ne s’excluent cas :
* la loi scientifique est, au départ, une extrapolation de la loi divine : on s’ouvre ainsi à des possibilités de théoriciser qui ont notamment fait défaut à la science chinoise qui, malgré son niveau, n’a pas pu pleinement se développer, limitée par son trop grand pragmatisme.
* pour un courant de l’Eglise, connaître le fonctionnement de la nature (au sens large), contribue à mieux connaître Dieu (et ses desseins)
* l’effort intellectuel porté sur la réflexion théologique ou l’exégèse a pu être resservir dans le domaine scientifique (en dehors du christianisme, citons la tradition intellectuelle juive)
* le temps libre octroyé
Enfin, il est faux de croire que le christianisme par exemple a toujours eu une lecture strictement littérale (et non métaphorique) de ses textes de référence, la Genèse notamment ; c’est une attitude qui a évolué au fil des siècles. De plus,in fine, même le créationnisme a eu son utilité : en jouant la mouche du coche sur des exemples parfois délicats, il a obligé les darwinistes à préciser leurs arguments et à affiner les concepts, pour le plus grand bien de la science.