Il était une fois une société ou l’on mourrait dans la rue, faute de pouvoir se soigner ou s’alimenter, sans travail ou avec des salaires ne permettant pas de survivre. Cosette et les misérables. Nos aïeux, grands aïeux, grands grands aïeux, se sont battus avec acharnement, beaucoup sont morts comme ceux de la commune de Paris, massacrés par la classe possédante pour avoir défendu des valeurs de justice, d’humanité, d’égalité.
A tous ceux-là, dans ce parcours chaotique de l’histoire, on leur doit des systèmes de solidarité comme l’école publique pour tous, les retraites ou la sécurité sociale permettant non pas, hélas, d’abattre la misère mais déjà de la rendre moins douloureuse. On leur doit aussi les 40 h et les congés payés (payer des gens à ne pas travailler ? vous n’y pensez pas ! disaient en chœur le patronat et la droite de l’époque, comme c’est ressemblant au discours actuel !).
Et puis notre société a continué d’avancer ( ?) dans ce XX ème siècle triomphant ou (il faut le dire et le redire) les richesses n’ont jamais été aussi importantes (et, soulignons-le, malgré les congés payés, les 40h qui devaient sois disant mettre en l’air l’économie selon le patronat de l’époque !). Dans cette société « moderne », 10% d’individus sur la planète détient 85% des richesses (et 2% en détiennent plus de 50%), mais, le problème ce ne serait pas ça, non. Tout le mal proviendrait en fait de ce que nos aïeux appelaient la solidarité, aujourd’hui classé « assistanat » ! Cosette serait devenue une misérable assistée !
Haro donc, sur les assistés, les pauvres, ceux qui n’ont rien ! Et pour le justifier, un leitmotiv : ce sont tous des fainéants (a part bien sur ma sœur ou mon ami popaul qui lui veut travailler, mais c’est la faute aux autres, toujours les autres...). Supprimons les RMI, l’accès aux soins de santé pour tous (en multipliant les franchises par exemple), les caisses de chômage, les retraites etc... ! Peu importe que notre société ne soit pas capable de produire un emploi pour tous (les profits et les actionnaires d’abord !), l’important c’est de se débarrasser de « l’assistanat ».
On pourra alors se promener tranquillement dans les rues de nos villes, puisque nos pauvres auront la bonne intelligence de mourir de faim, de froid et de maladie sans aller égorger le bon citoyen au coin d’une rue pour récupérer de quoi manger.
Ou alors, il suffira dans ce monde déshumanisé de créer une nouvelle TVA, la TVA SECURITE que paieront les citoyens bénéficiant d’un emploi (pas les gros patrons, car comme vous le savez, ils sont étouffés par charges !) pour multiplier par cent ou mille le nombre de policiers : il faudra bien cela pour maintenir l’ordre et la sécurité dans la cour des miracles !